J'ai
découvert Mickaël Mazaleyrat grâce au festival "Harmonicas sur Cher"
2015 pour lequel il était invité sur la grande scène avec son duo
"Weeping Widows". J'avais adoré la variété des instruments, l'emploi de
la guimbarde, son jeu d'harmonica et les superbes postures aux côté de
son guitariste qui faisaient le plaisir du photographe. Et pourtant
cette année là , à St Aignan, je m'étais tellement dispersé que j'avais
raté l'occasion de discuter avec lui et plusieurs autres moments
importants. Ce fût réparé en 2017 aux championnats du monde d'harmonica
à Trossingen, chez Hohner. Et franchement j'ai de suite bien accroché
avec lui. Surtout je n'oublie pas ses quelques passages sur la scène de
"Jam sessions" qui font les nuits de Trossingen pendant le festival, et
qui m'ont amené un sentiment de fierté pour lui en voyant le regard de
ces visiteurs du monde entier dés les premières notes. Je ne lui trouve
pas de ressemblances chez d'autres harmonicistes car pour moi il ne
copie personne. C'est son style, sa signature, et il ne cesse de me
surprendre...en bien! Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait
d'entretiens; il enregistre des nouveaux morceaux actuellement. Le
moment me parait bien choisi. Comme les autres il m'a répondu en toute
authenticité...
Patrice Rayon >
Comment as-tu commencé la musique?
Mickaël Mazaleyrat > A l'âge
de 5-6 ans je fabriquais des instruments avec de la récupération:
boites de conserves, barils de lessive, élastiques tendus sur deux
pointes etc. et j'invitais ma sour et mes copains pour jouer de la
musique comme si nous étions un groupe.
Vers l'âge de sept ans avec ma sour nous allions chez une copine, qui
était
notre voisine. Elle avait un orgue Bontempi dans sa chambre. Je jouais
du clavier pendant plusieurs heures et à partir de ce moment-là je
venais frapper presque tous les jours chez elle pour pouvoir jouer .
C'est aussi à partir de ce moment-là que mes parents ont compris:
ils m'ont acheté le même orgue l'année d'après (merde) bon..tant..pis !
Je passais donc plusieurs heures par jour pour découvrir le monde de la
Blue note qui m'a ensorcelé.
Patrice
R. > Tu joues de plusieurs instruments en plus du chant et l'harmo.
Tu peux nous les citer ?
Mickaël M. >
Je joue du clavier, de la guitare, des percussions diverses, de la guimbarde
ancêtre de l'harmonica (je
m'en sers pour faire mes parties basses sur mes compositions, le son
est terrible pour un petit instrument comme celui-ci).
Je bricole aussi sur : batterie, basse, accordéon, saxophone, balafon,
flûtes etc.
J'aime explorer tous les instruments; plus tu en joues de divers et
plus l'approche est facile. C'est comme les langues !
PR > Je t'ai aussi vu jouer du washboard. Es-tu
autodidacte ?
MM > Oui, je suis
autodidacte. J'ai appris en écoutant la radio, des vinyles, cassettes,
cd's et du live etc.
PR > Des
influences ? Peut être aussi dans ton entourage proche, familial,
copains...
MM > Mes parents m'ont
beaucoup influencé, car ils écoutaient beaucoup de musique, surtout de
la
variété, et organisaient souvent à la maison des fêtes avec repas,
musique et danse.
Je m'amusais donc à mettre de la musique, des disques ou cassettes sur
une chaine Hi-Fi et surtout d'en jouer avec mon orgue. Je
reproduisais tous les morceaux qui les faisaient danser: rock, pop,
folk, classique, musette etc.
Assez rapidement dès l'âge de 10-11 ans les amis, la famille et
l'entourage me demandaient d'aller jouer pour leurs fêtes privées,
anniversaires, mariages ou autre. J'étais ravi, c'était pour moi une
super école et je récoltais trois sous pour pouvoir m'acheter un
instrument plus performant et du matériel.
PR > D'où te
vient ton intérêt pour l'harmonica ?...
MM >
Lors de ma 1ère saison d'hiver à Avoriaz (à l'époque j'étais
cuisinier de métier) j'ai rencontré un saisonnier (Marco Sintes) qui
était lui aussi cuisinier. Nous avons vite sympathisé en parlant
musique et il m'invita à venir l'écouter.
Il débutait à la guitare et avait un harmonica "Golden Melody" sur un
support.
Il me fit deux à trois morceaux et ensuite me demanda d'essayer de
l'accompagner avec son harmo. Il fut surpris par ma maitrise de
l'instrument et moi aussi d'ailleurs.
A partir de ce moment-là , nous avons joué plusieurs heures, entre nos
pauses tous les jours, durant quatre mois et nous nous sommes suivi en
saison
pour pouvoir se rencontrer musicalement.
Marco avait une bonne connaissance dans le blues et me faisait
découvrir d'innombrable albums d'artistes connus dans ce domaine.
J'ai su de suite que c'était cette musique que je voulais jouer, le
blues, et j'ai compris que cette musique et cette sensation blues
m'attendaient déjà depuis 19 ans....
PR
> As-tu suivi des stages de musique ? Parfois c'est aussi l'occasion
d'en faire découvrir à ceux qui lisent les entretiens...
MM > Oui, j'ai suivi
plusieurs stages de musique. Une fois, je devais avoir 20 ans
j'ai voulu
prendre des cours d'harmonica à Tours (37)
, il y avait un prof qui
travaillait avec deux méthodes sur papiers + CD du genre méthode
Milteau. Il avait l'habitude de les faire travailler sur deux ans.
J'ai mis à peu près quatre mois pour comprendre et jouer les deux
méthodes
ensuite j'ai repris quatre ou cinq cours avec le prof en lui demandant plutôt
de me filer ses propres plans d'harmo perso.
J'ai participé à deux stages chez Michel Herblin, grand monsieur. Je
suis fan de son jeu, de l'humain. Et de plus, ses stages sont
fantastiques aussi bien musicalement que culinairement et aussi en "After"� boeuf .
Je conseille ce stage à tous les harmonicistes du monde ! D'ailleurs
sur mon futur album j'utiliserai un texte qu'a écrit Michel Herblin.
Hormis qu'il soit un des plus grands représentants du ruine babine
dans le monde, c'est aussi un grand compositeur de textes.
J'ai aussi fait un stage de sonorisation pendant quatre mois, pour
apprendre à faire des prises de son pour le live ou en studio +
de la M.A.O (Musique Assistée par Ordinateur)
Un stage de Chant chez Mr Alsina Jean Marie pendant deux mois.
Un stage de chant pendant une journée dans une ferme en Ariège libre !
Divers
masters class d'harmonica à Trossingen en Allemagne lors d'un
Festival sur l'harmonica avec Steve Baker, Carlos Del Junco, Joan Pau
Cumellas, Ruiz. C'était grandiose, il y avait des harmonicistes de
partout qui jouaient
partout la nuit, le jour, dans les toilettes, dans la rue, sur scène,
sous
la douche ...c'était hallucinant et dans tout les styles de musique
possible et tous les modèles d'harmos. Il y a un des plus grands musée
d'Europe sur l'harmonica et accordéon. J'ai pu aussi y découvrir et
visiter l'usine Hohner où ils fabriquent nos
petits et grands compagnons de route: c'était fantastique de voir
comment cela se fabrique. J'ai pu aussi faire une visite guidée de la
ville avec un guide qui
nous a expliqué la vie de Mathias Hohner et tout ce qui l'entourait et
se passait de l'époque jusqu'à aujourd'hui: une mine d'informations.
Je conseille vraiment ce voyage à tous les amoureux de l'harmonica et
l'accordéon et de musique. Ce festival à lieu tous les quatre ans.
PR
> Quand il n'y a pas le festival à Trossingen, il y a les workshops
au même endroit à la même époque (début novembre). Tu règles
tes harmonicas ? Tu connais bien ou tu bricoles ?
MM > Oui, je sais les
régler, les ré-accorder, changer les lames défectueuses. J´accorde
certains harmonicas dans des gammes spéciales. J´ai également fait sur
mon site, des tutos pour la maintenance des harmonicas. Cela fait 15
ans
que je répare les harmonicas et cela est indispensable pour moi. Je me
fournis en pièces détachées et en matériel chez Hohner. Je connais très
bien la méthode de maintenance des harmonicas qui m'a été
enseignée par Nicolas Fouquet (un
confrère harmoniciste), ensuite avec la
pratique, vu que j'avais déjà un "cimetière" d'harmonicas pour
m'entraîner.
Depuis
trois ans, je suis très fier d'être ambassadeur pour la marque Hohner,
c'est pour moi une grande reconnaissance par rapport à toute ses années
de travail et d'investissement dans le domaine de l'harmonica.
PR
> Je connais bien Nicolas Fouquet. J'ai passé des heures de
conversations avec lui au téléphone où on parlait aussi beaucoup de
customisation, réglage d'harmonica et de Joe Filisko (qui lui a montré
des choses) ou encore de Jason Ricci. Tu lis le
solfège ?
MM > Non, je ne le lis pas
le solfège. J'ai quelques bases. Je suis musicien autodidacte depuis
l'âge de sept ans.
PR
> Ton choix de vivre en Autriche, c'était lié à la musique ?
MM >
Mon choix de vivre en
Autriche était grâce à l'amour. En effet ma femme est tyrolienne, et
cela m'a permis de rencontrer la scène autrichienne et de faire de
nombreux concerts.
Ma première rencontre musicale en Autriche fut avec un guitariste chanteur peintre: Wolfgang Bereiter.
à€
l'époque je ne parlais par Allemand mais nous nous sommes directement
connecté musicalement et humainement. De là nous avons monté notre duo "Pyromane Blues"�.
Nous avons par la suite enregistré deux albums et fait un grand
nombre de concerts entre l'Autriche, l'Italie, l'Allemagne et la France.
Notre répertoire était en trois langues: français, anglais et allemand.
Wolfgang m'a fait découvrir une multitude d'artistes blues et rock progressif de l'époque.
Nous avons même vendu un concept chez l'habitant: "nous
cuisinions et ensuite nous faisions notre représentation pour une
quarantaine de personnes, c'était génial !
PR > Carrément ! Avec tes talents de cuisiniers en plus de musicien, il fallait le faire. On entend
pas si souvent parler de l'Autriche pour l'harmonica. Ca marche fort là
bas ?
MM > L'Autriche n'est pas
réputée pour l'harmonica diatonique, mais plutôt pour l'accordéon. Il y
a beaucoup de groupes de musique traditionnelle, mais quand même une
bonne scène blues, rock, jazz et musique du monde avec un super public.
J'avais à l'époque un peu le monopole dans le Tyrol en tant
qu'harmoniciste.
PR
> Nombreux sont les artistes musiciens qui avaient une formation
scolaire sans rapport avec la musique à l'origine. C'est ton cas ? Tu
as travaillé dans d'autres domaines avant de te consacrer à la musique ?
MM > Oui, c'est mon cas. Je
n'ai pas fait d'études sur la musique et ce n'est vraiment pas le
collège qui m'a donné l'envie de devenir musicien.
Juste après le collège, à 16 ans, j'ai fait un apprentissage de cuisine
pendant deux ans (CAP/BEP).
Le métier de cuisinier est passionnant il m'a permis de vivre et de
voyager tout en jouant de la musique pendant 15 ans.
Je compare souvent l'art culinaire à la musique, je trouve que cela est
très proche.
PR
> Concernant les similitudes entre musique et cuisine, Joe Filisko
m'a fait la même remarque, à laquelle j'adhère aussi. A part la
musique, l'harmonica, tu as des passions, des activités préférées ?
D'autres que tu aimerais faire ?
MM > Mes autres passions
sont: la cuisine, la randonnée, la radio (Je suis animateur radio dans une
émission sur le Blues), les voyages.
PR > Dis donc, je découvre qu'on a pas mal d'intérêts commun . Tu as eu
des références prédominantes côté harmonicistes, autre musiciens
(groupes etc...) ?
MM >Quand
j'ai commencé l'harmonica, mes références étaient: James Cotton,
Dr.Feelgood, Diabolo, Sonny Terry, Paul Butterfield, J.Geils Band...
J'ai cassé mes premières lames pendant les "répèt" avec le groupe
Calibre 12 dans les caves Tourangelles.
PR
> Tu as joué avec un ou plusieurs groupes ?
MM > J'ai joué dans diverses
formations et sous mon propre nom: Weeping Widows, Mannish Boys, Wilma,
Bigsby, Keep Cooking Blues, Bonne Ville, Blues Bus Band, Pyromane
Blues...
PR
> Joues tu de plusieurs familles d'harmonica ? Lesquelles ?
MM > Je ne joue que du
diatonique, mais j'aime utiliser diverses gammes : Mineure naturelle,
Mineure
harmonique...J'utilise beaucoup la guimbarde; c'est l'ancêtre de
l'harmonica
PR
> Tu as connu Jean Wetzel, la plupart des harmonicistes ne
connaissent malheureusement rien sur lui. Tu pourrais nous en parler ?
MM >
Oui, j'ai rencontré
Jean Wetzel à St Tropez à l'époque il avait 82 ans et nous sommes
devenus amis. Aussi ami des grands de ce monde et du Tout-Paris
politique, c'est lui qui, missionné par Georges Pompidou, fut le
producteur à partir de 1968 d'à€ bout portant, ancêtre des émissions de variétés et précurseur des confessions intimistes des grandes stars de l'époque.
J'habitais à côté de chez lui, il aimait beaucoup mon jeu
d'harmonica Blues. Lui ne jouait que du chromatique et c'était un
virtuose. J'étais impressionné par la pratique de son instrument. Je
n'avais encore jamais entendu un technicien de ce niveau.
Il m'a offert un Harmonica Chromatique et m'a appris quelques plans.
Il était très généreux et gentil, avec une vie simple. Il habitait dans
une maison au milieu des bois et m'a dévoilé une grande partie de sa
vie. Il organisait une à deux fois par an une grande fête dans son
jardin, avec de nombreuses personnalités (Musiciens, comédiens, docteurs,
politiciens, etc.). A l'époque j'étais impressionné.
Il a aussi écrit la musique du film "Ne touchez pas au grisbi" avec Jean Gabin
PR
> En parlant du "Grisbi" Albert Raisner mentionne l'incroyable
histoire de ce titre de Jean Wiener joué par Jean Wetzel dans"Le livre
de l'harmonica" qu'il a écrit en 1961 (*). Je suis curieux de savoir comment tu l'as rencontré... tu savais qu'il était harmoniciste?
MM > J'habitais à l'époque, à Ramatuelle (dans le 83) en colocation dans une caravane aménagée avec une extension en bois, du genre cabane.
Un soir, j'entendis dehors au loin de la musique qui me semblait être
de l'harmonica. Je suis allé voir de plus près, il m'a fallu marcher un
petit peu à travers champs, ensuite une petite forêt pour
découvrir par la suite une fête privée chez l'habitant dans un jardin.
Je restais là , assis par terre à peu près à 150 mètres du lieu. Je ne
voyais rien mais j'entendais bien les harmonicas enchanteurs,
cela me touchait profondément. Après un long moment, je rentrais
à la maison la tête pleine de rêves..
Quelques jours après je me décidais à aller voir le propriétaire de
cette maison pour lui demander s'il donnait des cours d'harmonica.
Je frappais à sa porte. Un homme d'un certain âge "Jean Wetzel"
m'ouvrit la porte. Je lui expliquais que j'avais entendu de l'harmonica
un soir chez lui dans son jardin, et que je voulais savoir s'il
donnait des cours.
Il me répondit qu'il n'en donnait pas mais que je pouvais rentrer chez lui.
Tout de suite le courant est passé. Il me joua quelques morceaux au
chromatique; j'étais charmé. Ensuite il me demanda de jouer de mon
diatonique, j'étais super nerveux suite à sa prestation de plus je
n'étais qu'un débutant! (deux ans d'harmo).
Après lui avoir joué toutes mes tripes jusqu'au dernier souffle, il me
congratula me disant que je l'avais touché, que je jouais avec beaucoup
d'émotion et que j'avais beaucoup de talent et surtout mon propre son,
que cela n'était pas donné à beaucoup d'artistes.
Il disait que cela était précieux et que mon style de jeu se
reconnaitrait auprès de mille autres et m'encouragea à travailler
l'harmonica tous les jours.
Je fus très fière de ses propos et éloges cela m'encouragea à travailler l'instrument tous les jours.
PR
> En général j'avais entendu parler de lui par les membres de
Harmonicas de France ? Tu es membre de cette association, tu connais
des anciens ?
MM > Non, je ne suis pas
membre d'harmonicas France. Je connais un ancien qui fait partie de
cette association et qui habite dans un village voisin près de chez
moi. Il m'en parle souvent.
PR
> Que penses tu de l'évolution de l'harmonica en tant que instrument
et aussi des techniques de jeu... par exemple l'engouement pour les
overnotes au diatonique...
MM > Je trouve que
l'harmonica diatonique évolue très bien au niveau du jeu et de la
technique. De plus, une multitude d'harmonicistes provenant du monde
entier, nous le démontrent chaque jour. Cependant la pratique des
overnotes rend parfois le la musique un peu froide. Je n'ai pas souvent
entendu d'harmonicistes les faire sonner comme il se doit. J'ai même
envie de dire à certains de se mettre plutôt au chromatique.
PR
> T'intéresses tu beaucoup à tout ce qui est effets, amplis, micros?
Tu veux bien nous dire ce que tu utilises habituellement comme matériel
?
MM
>
Oui, depuis tous temps et encore aujourd'hui, je m'intéresse au son,
aux effets et au "matos". Chaque musicien à un son en tête, qui
évolue au fil du temps, des années, et il cherche toujours le son idéal.
Pour ma part, quand je joue en groupe (Blues/Rock...), j'utilise un
ampli
à lampes de marque Italienne Evan Bass 20 Watts avec un micro AKG 190D
plus une pédale DOD FUZZ FX 66 + un Harmonizeur BOSS + BOSS
Pédale auto T. WHA Boss + Pédale Beringer Rotary.
Quand je n'utilise pas l'ampli à lampe, je me branche directement dans
une pédale de marque Sansamp Tech 21 Classic.
PR
> Tu donnes des cours d'harmonica ?
MM
>
Oui, je donne des cours d'harmonica en général chez moi, et aussi des
cours de musique de divers instruments dédiés surtout aux enfants de
l'éveil musical. Je leurs apprend à aimer apprendre la musique. Ils
peuvent
jouer des percussions, du clavier, de la guitare, de la basse, du
balafon, de la
batterie, chanter etc.
PR
> Tu as des styles de musique préférés ?
MM
>
J'aime toute sorte de musiques d'univers différents à partir du moment
où elles me procurent de l'émotion. Cela peut aller de la musique
classique
en passant par le blues, le jazz, le rock, la musique du monde, la
variété, le rap à de
la musique contemporaine...
PR
> Tu as participé à Blues sur Seine ? Es-tu allé loin ? Tu as
participé au tremplin ?
MM
>
Oui, avec le Duo Weeping Widows nous avons été en finale de ce
tremplin, que nous avons malheureusement pas remporté, mais c'était
très
enrichissant.
PR
> On est souvent tenté de classer ou cantonner les musiciens dans
des styles... Et toi ?
MM
>
J'ai beaucoup joué de blues, notamment en France, pendant 11 ans avec
les
Mannish Boys avec qui j'ai enregistré cinq albums. Ensuite j'ai monté
le
duo Weeping Widows un Blues plus ouvert à la musique du monde avec
lequel nous avons enregistré deux albums.
Depuis deux ans avec mon projet solo je casse toutes les barrières de
style et exploite toutes mes influences. Je prépare le deuxième album.
Le style musical est inclassable et il varie au fil du temps, au
service de l'harmonica.
PR
> Sur la photo de Weeping widows, je ne reconnais pas le guitariste de "Harmonicas sur Cher" qui était plus jeune.
MM
> Pour
Weeping Widows, le talentueux guitariste Joris Ragel n'a
malheureusement pas continué notre belle histoire, il voulait explorer
d'autres horizons, j'ai été assez surpris de son choix car le projet
fonctionnait très bien. Depuis à peu près 2 ans Jean Rey le
remplace.
Jean est un guitariste avec une grosse influence et des
connaissances énorme sur l'histoire du "British Blues"�.Je
l'invite parfois pour mes émissions Blues "Keep Cooking Blues"�.
PR
> Ca nous permet d'avoir le lien sur ton émission, pour peut-être
des auditeurs supplémentaires après lecture de cet entretien ...
MM
> Je fais aussi partie du CRB: Collectif de Radio Blues.
Il réunit une cinquantaine d'animateurs en France, Belgique, Québec et
Afrique, autour de l'idée d'échanger, diffuser et promouvoir les
musiques blues sous toutes ses formes.
PR
> Tu as voyagé beaucoup ?
MM
>
Cuisinier et musicien sont mes deux passions qui m'ont permis de
voyager. J'ai parcouru la France et l'étranger: Espagne, Suisse,
Italie,
Allemagne, Autriche, Guadeloupe, Ireland, Grèce, Portugal...
PR
> Je sais d'expérience que quand on voyage, on a souvent des anecdotes. Tu en aurais à nous raconter, en tant que musicien ?
MM
>
C'était à l'époque où je vivais en Autriche: j'étais cuisinier en
journée et la nuit je faisais des concerts. Une vie de fou avec peu de
sommeil, mais de supers bons souvenirs dont un où j'avais joué dans un
bar à motards avec un blues Band en quartet (Bonne ville)
grosse ambiance, grosse soirée, rentré vers cinq heures du matin et
levé comme je pouvais vers sept heures pour être en cuisine à huit
heures. Bref le matin tu fais moins le mariole que la veille, car ta
journée de travail t'attend, et en cuisine pas le temps de s'endormir !
J'étais seul en cuisine, car je faisais l'ouverture et les autres
collègues devaient arriver vers 10 h. Je rentre dans la chambre froide
pour sortir tout ce dont j'avais besoin et tout d'un coup alors que
j'étais à l'intérieur, la porte s'ouvre, je me retourne et que vois-je
? deux policiers vêtus d'une tenue toute en cuire, c'était deux flics
motards genre dans les films! Whaa, j'étais surpris et stupéfait.
Direct dans ma tête je me suis dit :"�Qu'est-ce que j'ai pu faire hier?
un Excès de vitesse où il y a un problème avec mes papiers pour
travailler en Autriche... Mille choses me sont venues en tête et là les
policiers me disent "Vous êtes Mickael Mazaleyrat, hier vous étiez dans un pub?" je réponds "oui" et ils me disent "C'était
vraiment un grand concert, vous êtes excellent, nous étions là lors de
la représentation et nous voulions vous féliciter de votre prestation".
A ce moment-là mon cour presque à l'arrêt se remit à battre et nous
discutâmes quelques minutes ensemble devant un café, ils étaient
devenus Fans! C'est là que j'ai commencé à apprécier la gendarmerie.
PR
> Hé hé! Je suis sure qu'il y a plein d'harmonicistes gendarmes,
particulièrement chez les motards! Ca devrait leur faire plaisir ... Une autre ? Allez une autre, une autre !!!...
MM
>
C'était aussi en Autriche. J'étais cuisinier dans un bar-restaurant
culturel qui organisait beaucoup d'évènements. Lors d'une scène
ouverte, alors que la salle était archi comble et qu'en cuisine je
courais de partout tellement il y avait des commandes, le patron rentra
dans la cuisine et me dit: "Micka ! sort de la cuisine prend tes harmonicas et va jouer, montre leur qui c'est le patron!" Je réponds "Mais il y a trop de travail ! je n'ai pas le temps, je voudrais bien mais bon ..." Il m'arracha mon tablier me poussa hors de cuisine jusqu'à la scène
vêtu de ma tenue de cuisinier. Un superbe bon blues qui était déjà en
route m'attendait. Je pris le micro et fit un solo comme si c'était le
dernier de ma vie, à l'image d'un prisonnier blanc qui en avait marre
d'être coincé derrière ses quatre murs en cuisine. A la fin de mon
solo, le public hurla de joie tout en tapant des mains et des pieds,
c'était énorme! Le groupe dût s'arrêter de jouer. Et tout d'un coup le
public chanta la Marseillaise. J'étais hyper gêné et à la fois honoré.
Ce n'est pas que je sois un fan de cette chanson guerrière, mais venant
du public cela était très touchant et j'en avais les larmes aux yeux.
C'est à mes yeux l'un de mes plus beaux souvenirs...
PR
> J'imagine bien car je t'ai vu débarquer sur scène à la jam session
de Trossingen, et j'ai constaté la réaction du public (aussi de ta
femme et ta fille). Décidément, il s'en passe des choses quand on est cuisinier ET musicien...
MM
> J'en aurai bien une autre; allez je te la raconte !
C'était lors de ma deuxième saison d'hiver en 1993 en Haute
Savoie. J'avais un job qui m'attendait à Avoriaz. Deux jours avant de
me rendre sur le lieu de mon travail j'avais prévu d'aller rendre
visite à mon pote guitariste cuisinier Marco à Morzine, celui qui
m'avait mis la bouche à l'étrier (l'harmonica) l'année précédente.
Arrivant chez lui il me dit:"�Mickael
c'est énorme, à 100 mètres d'ici un musicien Joël Daydé joue tous les
soirs pendant toute la saison dans un restaurant ! Tu sais Joël Daydé
celui qui chanter Mamy Blue
avant Nicoletta, il a une voix à la Joe Cocker et joue de la gratte
comme un guitar héros , il jouait aussi dans le groupe "ZOO"!
Quelle surprise pour moi.
Marco me dit: "Il cherche un
cuisinier dans ce restaurant, rappelle le lieu où tu devais
travailler après-demain annule et présentes-toi ici , c'est une chance
pour toi de pouvoir cuisiner ici car c'est sur, tu vas pouvoir faire le
boeuf avec lui!"
Après 32 secondes de réflexion, j'appelais pour annuler ma venue dans
le restaurant à Avoriaz et 15 minutes après je me présentais dans le
restaurant en question pour me retrouver deux jours après, au piano (fourneau) en cuisine à 3,5 mètres de la scène bercée par le blues, le rêve...
Après avoir bien sympathisé avec Joël Daydé et sa femme Danielle qui
était très gentille, je me retrouvais sur scène le soir après le
service pour faire le "bœuf" .
Le top, j'étais aux anges, impressionné par la qualité des prestations
que Joël donnait tous les soirs et honoré par le fait de pouvoir
échanger la Blue Note avec lui car je n'avais que un an d'harmonica!
Après deux semaines, alors que nous mangions tous avant le service du
soir, un incendie se déclara dans la cuisine, un problème de friteuse.
Il était déjà trop tard pour éteindre les flammes arrivant déjà au
plafond. Après avoir appelé les pompiers nous sortîmes rapidement
guitare et matériel de musique qui se trouvait sur la scène collée à la
cuisine.
Heureusement les pompiers sont arrivés rapidement mais la saison dans
ce restaurant était belle et bien fini pour nous tous et j'étais super
déçu de ne plus pouvoir continuer à jouer le soir avec Daydé.
Joël m'avoua ensuite que c'était la 1ère fois qu'il avait pu vivre le fait de mettre le feu sur scène, non pas au sens figuré mais au sens propre.
Il m'invita à aller le voir sur Paris dans les mois à venir, j'étais honoré.
PR
> Tu as des projets en cours ? Pas forcément liés à
l'harmonica...
MM
>
Oui, j'envisage de faire deux vidéos clips, et j'aimerais aussi faire
un enregistrement avec un orchestre de chambre. Aller à Berlin, aux
États Unis, en Asie, voyager...
Site: www.mickaelmazaleyrat.fr
Soundcloud : soundcloud.com/mazaleyratmickael