Vous
l’aurez compris, en
ce week-end de la Toussaint, pardon pour le lapsus, de l’ascension, le temps n'y était pas !
Dommage!
Comme dit son directeur artistique, le principal pilier, Christophe
Minier: "Effectivement,
nous nous sommes un peu gelé les miches, mais la pluie nous a épargné"…
Le
déroulement du festival dépend aussi de la météo : Comment faire
dans ces
conditions pour improviser des pique-niques et des boeufs sur la petite
île sur
le Cher qui est un lieu idéal, ou sur quelque terrasse de café
restaurant
découverte sous un ciel menaçant… Comment lézarder au soleil, entre les
classes
de maître et les concerts du soir ? St Aignan sur Cher est une superbe
ville médiévale,
et à la fois très sympathique. J’étais arrivé deux jours avant le
festival
pour, enfin, aller visiter le zoo de Beauval (certainement
le plus beau zoo de France) pour voir entre autre, les
pandas géants, responsables des hôtels pleins deux à trois mois avant…
Nombreux
sont ceux qui se sont fait avoir, malgré mes messages d’avertissement
sur les
sept principaux forums Internet d’harmonica, sur mon blog, sur
Facebook…
Certains habitués ont rebondi en louant un gîte à partager à six ou
sept :
Une solution très sympathique et conviviale… J’étais convié à la fois
chez
Charles Sempéré (qui a rédigé compte
rendu de Harmoliège), et chez Roger Trobridge qui fàt ces douzes
dernières
années le numéro un de la « Nationale Harmonica League » (un peu le H2F Britannique). Il y est toujours
très
actif aussi pour la revue « Harmonica world » qu’il continue
à gérer,
mais plus encore…Son remplaçant Ben Hewlett à pris le relais. Passer
derrière
quelqu’un de la qualité de Roger c’est beaucoup de pressions...
Le fait que Roger revienne avec sa femme
était un très
bon signe… Mes contacts avec eux sont nombreux et très riches; et je ne
désespère pas de voir mon initiative d’agenda événementiel d’harmonica
apparaître là bas sous l’impulsion de Roger: De toute évidence,
c’est en
route…J’ai vu l’agenda pilote qui est dans le même esprit que le
nôtre (qui est tourné vers la francophonie).
Nos visites réciproques des uns chez les autres, par le biais des
festivals,
sont de nature à favoriser ce genre d’initiatives, pour faire avancer
des
choses positives pour l’harmonica et les fans d’harmonica… L’ouverture
sur les
autres est un bon terreau pour le futur, la créativité, le partage
d’idées et
d’expériences, de contacts…
Le mauvais temps, les hôtels complets,
l’affiche
source de préjugés chez certains (qui ont
reconnu s’être trompé ensuite), un conjoint un peu jaloux de
l’harmonica, la
crise « encoooore » :
sont autant de facteurs qui auront
découragé
quelques habitués de revenir cette année. Au premier abord certains
étaient
déçus de ne pas revoir le copain d’il y a deux ans. Mais ce sentiment
fàt très
vite effacé par les nouvelles rencontres, car nombreuses furent les
nouvelles
têtes. Nicolas Robert de Belgique qui m’a fait confiance et a fait le
plein de
nouveaux amis; il est venu avec un polaroïd dont il tirait de superbes
clichés
noir et blanc, en rajoutant une touche bien sympa. Il a adoré !
Léonid et
Alona Nagaeva, un père et sa fille sont venus de St Pétersbourg en
Russie.
J’avais croisé Léonid à Bristol, car il fait le tour des festivals
européens…
Il avait juste un sac à dos 50l comme bagage, dans lequel un ukulélé de
la
forme d’un manche de guitare avec petit amplificateur attendait la
première
occasion pour sortir et participer très activement aux bœufs
acoustiques… Depuis
leur retour en Russie, ils continuent d’échanger des messages avec des
festivaliers. Il y avait aussi « Nadi », une harmoniciste
venue à
vélo de Nantes !
Un de mes grands plaisirs était de voire
Antoine Le
Roux parmi les festivaliers, et la rapidité à laquelle tout le
monde
l’a adopté.
Il m’a valu tout au long des trois jours la même question :
« C’est
qui le p’tit jeune qui joue du chromatique ? C’est vraiment un
bon, quel
plaisir de l’entendre jouer ». Je préfère laisser Antoine vous
donner son
ressenti de ses trois jours passés à St Aignan, mais le voir à cet
endroit
était pour moi un signe d’espoir, une petite flamme qui se réanime :
voire plus
de familles d’harmonica venir à ce festival, dans ce « lieux sacré
de
l’harmonica », comme le présentait si bien Jean-Jacques Milteau au
début
de son concert… J’aurais voulu moi-même revenir au festival de H2F,
tombé par
un malheureux hasard, le même week-end... (Vive
la communication)
A la base, « Harmonicas sur Cher »
se
voulait être un festival de musique avec l’harmonica comme fil rouge.
L’harmonica
est présent dans 90% des morceaux des concerts. Au fil des années,
force à été
de constater que ce festival a un petit rôle social, qui est de réunir
les
harmonicistes ou les « harmophiles » de France et de
Navarre ;
cela une fois tous les deux ans. Vécu sur place, c’est très fort !
C’est
un lieu où l'affectif prime sur l'harmonica.
A tel point qu’on y voit aussi de
« tendres rapprochements »… Les mots et expressions qui reviennent
souvent à
propos de « Harmonicas sur Cher »: Musique, chaleur humaine,
partage,
belles personnes, festival de rencontres, incroyable, "pas été déçu",
"trois jours mémorables", "bilan humain excellent"… Christophe
Minier dit lui-même « C'est assez
marrant de constater le nombre
de
personnes qui me félicitent pour les concerts qu'ils ont vus, pour
l'ambiance
si cool et la très bonne impression que
laissent les festivaliers pendant ces trois jours. ».
En tant que festivalier, je confirme que même
hors
saison, les gens de ce village nous reçoivent très bien, se souviennent
de nous !
Toute l'équipe de bénévoles, des locaux ou d’anciens locaux qui
« réembauchent » pour l’occasion, donne le meilleur
d’elle-même !
Les échanges avec les festivaliers et les artistes sont excellents. Ce
festival
ce n’est QUE du positif au plan humain. Cette année le temps fàt froid
contrairement aux précédentes éditions, mais l’ambiance tellement
chaleureuse… Tout
le monde en repart toujours plein d’énergie positive…
Je passe rapidement sur l’affiche qui était
excellente, car il importe plus de faire passer un message… Voyager,
fréquenter
de nombreux événements « harmonicals », échanger beaucoup,
bien connaître
l’actualité: tout cela rend exigeant. On ne s’emballe plus ! Il
faut insister
sur les choses positives pour faire avancer le
« schmilblick ». Le
positif attire le positif, quant au négatif… On aimerait tirer les
leçons du
passé, quoiqu’en regrettant de ne pas bénéficier de plus de retours
d’harmonicistes plus âgés. Si le prix à payer (hormis celui des
déplacements) est
un niveau d’harmonica qui n’avance plus faute de temps pour pratiquer,
l’aventure est passionnante... Bien jouer c’est bien, mais est-ce
qu’une
autosatisfaction suffit pour servir la communauté au point d’en
savourer des
résultats ?…Et après que se passe-t-il ? Ou que ne se passe t’il
pas ?... Plus on est d’actifs dans ce sens, mieux c’est !
L'affiche
proposée à fait reculer certains, mais à tort ! Ce qui me fait
écrire cela, sont les retours pendant et après l’événement, de
festivaliers qui
m’avaient manifesté leurs inquiétudes en privé avant le festival.
Christophe à
un bon flaire en matière de musique... Il se trompe rarement,
l’expérience
aidant... C’était aussi suffisamment varié... Même les premières
parties, furent
toute brillantes : Roll Pignault avec Mathieu Pesqué et son
« picking »
magistral entre blues et folk, le « feeling » qui se dégage
et
l’enchevêtrement des voix sensuelles, l’harmonica en accompagnement
toujours
très à propos… Les suisses de
« L’Ironie du Son » et leur musique à connotation africaine
et
orientale avec Guillaume Lagger à l’harmonica : leur musique est
le fruit de
longs bœufs avec des instruments de percussions vus nulle part ailleurs
tels
que des entraves métalliques utilisées par le passé pour les esclaves
et
détournées pour une utilisation bien plus noble qu’est la musique.
Le coup de coeur du festival fàt le couple
anglais
Phillip
Henry et Hannah Martin à l'applaudimètre, la surprise pour
beaucoup et
encore une première partie : celle de Jean-Jacques Milteau, pour
terminer
le festival dans un véritable bouquet final très réussi... Un dobro
maîtrisé à
merveille, un violon, un banjo, un harmonica mêlé avec du beat box, le
chant avec
la voix de fée de Hannah. Leur musique nous faisait voyager de l'Inde
aux
rythmes des chansons traditionnelles britanniques. Je ne suis pas
franchement
fan de beat box avec l’harmonica habituellement, préférant le
« Wooping »
à la sauce Sonny Terry, mais là je dois dire que Phillip est un
virtuose à la
fois du dobro, de l’harmonica (diatonique) et de ce fameux beat box qui
apporte
un plus monstrueux ! Il m’a donné
envie de m’y mettre, en suivant les conseils de sa classe de
maître qui
fàt aussi passionnante !... Ma petite fierté réside dans le fait que
j’ai
attiré l’attention de Christophe Minier sur ces deux là, et qu’il m’a
fait
confiance : un fruit de mon précédent déplacement à « NHL
Bristol » où les britanniques me les ont fait découvrir… Phillip
et Hannah
étaient ravis ; l’ambiance était tellement énorme qu’on a du
allumer la
salle pour laisser Hannah (qui parlait français) nous prendre en photo,
pour
ses parents et ceux de Phillip
…Elle est repartie avec un énorme bouquet de
fleurs
derrière lesquelles on ne la voyait plus.
Bien sàr, le concert final de JJ Milteau avec
« Considération » a été parfait et a fait salle comble au
point de
refuser du monde. Mais les soirs précédents étaient aussi plus remplis
que lors
de la précédente édition. Les autres deuxièmes parties étaient aussi
très
professionnelles avec l'énergie de « Shake your Hips » qui
venait de
représenter la France à « l’International Blues Challenge »
de
Memphis. Je vous recommande d’ailleurs le CD qu’ils ont enregistré aux
studios
SUN de Memphis. Jean-Marc Henaux accompagne Alain Giroux quand il n’est
pas
avec Shake Your Hips (cet autre CD est aussi très bon)…
Ben Toury, quant à lui, m’a époustouflé par
sa
virtuosité, son humour entre les morceaux ; il me rappelait un peu
animateur radiophonique des années 60 qui présentait le morceau suivant
en nous
faisant voyager dans le temps. Tenez-vous bien ! Il jouait à la
fois de
l’harmonica et du piano ! Je n’avais jamais vu jouer du piano
d’une main
et de l’harmonica basse de l’autre…mais pas dix secondes ! Essayez
donc de
tenir un gros harmonica basse classique d’une main en jouant du clavier
pendant
plusieurs minutes ; il faut faire de la musculation … Benoît joue depuis l’age de 11ans en
publique. Il nous a fait un Boogie hyper
rapide et
parfait, sur le dos (les bras croisés pour le truc).
Le samedi après midi, c’est
Philippe Ménard, l’homme orchestre qui a
joué en même temps, de la guitare, de l’harmonica, de la batterie et
autre
percussion et chanté dans une salle survoltée. Il a réellement enflammé
le
public de la Prévôté, tous ages confondus… Puis tout le monde s’est
pressé
d’aller remplir l’église où jouaient "Quand l'orgue à bouche rencontre
grand-mère" : Un chromatique et une contrebasse pour la
traduction.
Cela signait le retour des concerts acoustiques à l'église avec un
répertoire
très pointu, voire osé à mon avis ! Le duo Devineau – Mandret….
Comme le
disait un festivalier, il faut le faire de jouer du Telemann au
chromatique
!... J’ai eu quelques pensées pour la plupart d’entre vous qui auriez
adoré…
Autre surprise de cette édition. A la suite
du dernier
concert du samedi soir, tout le monde se précipite au traditionnel bœuf
de
clôture (il y a des bœufs tous les
soirs ; en journée ça dépend plus des festivaliers). Cette
année, un
set de musique traditionnel s’est improvisé dans la grande salle du
concert où
les bénévoles s’affairaient à démonter la scène, sous l’impulsion de
Phillip
Henry et Hannah Martin (à croire qu’on
les a mis à l’aise). Il parait que c'était la première fois qu’ils
jouaient
pour des danseurs… Vu l'engouement, un set Trad. pourrait bien
apparaître lors
des prochaines éditions du festival. Cela répondait aux fans de musique
traditionnelle qui trouvaient qu’il y en avait moins cette année.
Pourtant
Bruno Kowalczyk, le spécialiste français de musique traditionnelle
québécoise
nous a fait la surprise de passer le vendredi et de jouer plusieurs
morceaux…
Certains ne le connaissaient pas, curieusement, mais ont été
immédiatement
séduit par son jeu à l’harmonica trémolo et son jeu de pieds
(podorythmie).
Cette année il y a eu trois classes de
maître. Celle
de Phillip Henry dont j’ai déjà parlé, puis Michel Herblin qui a fait
jouer les
élèves sur des airs hors du blues, pour leur faire explorer d’autres
sentiers
où le paysage acoustique n’est pas moins plaisant… Rien que de jouer sur des airs sculptés par
Michel,
c’est une méthode d’harmonica en sois ! On y trouve toutes les
difficultés, et toujours dans la recherche de belles interprétations
tout en
finesse... La troisième classe de maître était tenue par Marko Balland
sur
l’amplification. Marko est réputé pour son jeu rock, ses effets…même
les
américains lui font traverser l’atlantique pour leur montrer son
précieux
savoir. Bien sure, jouer amplifier demande un bon son personnel, sans
quoi tous
les défauts sont multipliés par dix au point de faire fuir le publique,
ou
simplement ne pas l’attirer. Il m’a semblé que le courant passait très
bien
entre lui et Antoine…
Le groupe
Chilli dogs, venu d'Orléans à assuré les trois bœufs
nocturnes plus un apéro concert. Ils ont beaucoup donné. Dommage que
les
festivaliers aient été si timide surtout le premier soir. Étant au
premier plan
avec mon appareil photo j’étais certain de passer, même sans
demander… Mon copain
Nicolas Robert, de Belgique où
l’harmonica
est relativement moins présent, a été comblé car il s’est même retrouvé
à
partager le micro avec Marko Balland. Bruno
Lesimple l'harmoniciste du groupe, est un habitué des stages de Blues à
Châteauvieux. La dernière fois je l’ai vu en train de recevoir un prix
avec son
groupe « Hobo », au tremplin Blues sur Seine qui récompense
chaque
année les six ou sept meilleurs groupes de blues amateur de France sur
prêt de
80… Leur CD qui vient de sortir confirme d’ailleurs l’excellent niveau
du
groupe « Hobo ». Cette année il y a donc encore eu des
concerts
improvisés aux terrasses des cafés (moins
à cause du temps) et l'ambiance nocturne n'a pas faillit à sa
réputation
car on s'est plutôt couché à 3h00 du matin en moyenne, donc plus tard
pour
certains...
Concernant les retours du festival : Les
forums
de discussions sont restés quasi muets ! La raison en est simple.
La page du
festival sur Facebook a été très active tout au long du festival et
ouverte à
tout le monde. L’information était donc en direct avec de magnifiques
photos,
des vidéos et de très nombreux commentaires, avant, pendant et après
l’événement… Une grande première ! Sur Internet (qui
est encore tout jeune et pas encore mature), il faut savoir
s’adapter en permanence ! Le mutisme des forums n’est donc pas si
négatif
car il s’explique par l’extrême dynamisme dans le reportage permanent
sur le
festival. Même le responsable de la communication Internet de la SPAH
aux USA à
demandé des retours pour partager …
En conclusion : Un mauvais temps, mais un bilan humain excellent, tout comme le bilan artistique. Côté finances, la fréquentation fàt tellement bonne, qu’un excédent de 3000€ sur un budget de 40000€ a été dégagé. C’était une édition primordiale pour l'avenir du festival, car si la fréquentation avait encore baissé (« la criiiise »), Christophe Minier aurait arrêté. Le festival ne peut se faire sans lui, les bénévoles le suivront autant qu'il le faudra... Il y aura donc très certainement une nouvelle édition du festival en 2015. Mais tout repose sur l’avis du conseil d'administration de l'Association Médiator… Rendez-vous est pris pour le stage de musique d’ensemble Blues à Châteauvieux le samedi 28 Septembre 2013. Ca vous tente ?... Je recommande !... N’attendez pas pour l’hôtel !...
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D’autres photos : Sélection de mes photos et Sélection de photos de Pascal Avenet