Switzerland Entretien avec Guillaume Lagger Switzerland

Guillaume LaggerGuillaume Lagger est un excellent harmoniciste, l'un des meilleurs en Suisse! Multi-instrumentiste même... Je l'ai connu grâce à  l'édition 2007 du festival  "Harmonicas sur Cher". Avec son groupe "L'ironie du son" ils avaient eu un succès énorme, avec de multiples rappels et une salle remplie de gens de toutes générations qui venaient pour la musique. Ca fait qu'ils ont été réinvités, et à  chaque fois avec le même succès, alors que les projets étaient différents. Guillaume joue dans des styles, propose des choses que je ne vois pas ailleurs, ou si peu. Il y a environ deux ans, il était de passage à  Paris pour jouer dans une pièce de théâtre, à  la fois comme comédien et musicien. Une fois de plus ce fût une très belle surprise... J'ai pensé qu'il serait bien d'essayer d'attirer plus l'attention sur lui, car il est discret et il me parait évident qu'il a beaucoup de choses à  nous proposer maitenant et à  l'avenir. C'est avec la même authenticité que d'autres harmonicistes qui l'ont précédé ici, que Guillaume s'est pleinement livré à  nous. N'hésitez pas à  suivre son parcours, et surtout à  ne pas rater quand il vient par chez vous... Tout un univers à  découvrir...Bon voyage alors!

Patrice Rayon >
Comment as-tu commencé la musique?
Guillaume Lagger >
Quand j'étais petit, ma tante avait un hôtel, et il y avait un piano. Dès que je pouvais, je m'amusais dessus... Puis mon père m'a offert un petit synthétiseur Bontempi. Je pianotais, mais je n'ai jamais pris de cours, je m'amusais juste comme ça... Un oncle chanteur et multi-instrumentiste avait aussi une cave remplie d'instruments de musiques. Quand j'allais chez lui, je passais des heures dans cette caverne d'Ali Baba. Je tapais surtout sur sa batterie. A 12 ans, il a joué de l'harmonica devant moi, et j'ai flashé. Le Noël suivant, il m'offrait un Marine Band en do... Sacré cadeau.

PR > Des influences ? Peut être aussi dans ton entourage proche, familial, copains...
GL >
Cet oncle, donc, qui m'a invité à  jouer un ou deux morceaux sur ses disques dès que j'ai su jouer trois notes d'harmonica. Et mon grand frère, qui lui s'était fait offrir une guitare, et avec qui j'ai commencé à  jouer assez vite. D'abord les reprises qu'il jouait, et puis les chansons folk qu'il composait. Quand j'avais 17-18 ans, on a commencé à  faire des concerts en duo. On a fait plein de bars, de petites scènes en Suisse Romande, et on a enregistré deux disques. C'est avec lui que j'ai vraiment commencé à  « faire de la musique ». Et puis il y a aussi les disques et les cassettes qu'on écoutait à  la maison : Dire Straits, Pink Floyd, Supertramp, Bob Dylan, Jimi Hendrix...

PR > D'où te vient ton intérêt pour l'harmonica...
GL >
J'arrive pas trop à  l'expliquer. C'est une rencontre. Au tout début j'aimais bien être dans mon coin et essayer de sortir des mélodies de ce truc. Et puis, petit à  petit, ça a pris de plus en plus de place dans ma vie.

PR > Je t'ai aussi vu dans l'excellente pièce « Le chat du rabbin » au théâtre des Mathurins à  Paris. Vous étiez tous très professionnels, on est venu vous chercher je crois... Tes interventions à  l'harmonica étaient excellentes, mais ton jeu de scène, de comédien me laisse penser que tu fais du théâtre depuis longtemps, non ?
GL > Merci ! J'avais déjà  joué en tant que musicien dans deux ou trois pièces, mais c'est la première fois qu'on me demandait de jouer la comédie. Au début, les deux autres musiciens et moi étions plutôt sceptiques, mais quand on a compris qu'il suffisait de déconner entre nous (on se connaît depuis longtemps), et que ça marchait à  peu près, et qu'on s'amusait bien, on s'est laissé aller. Sinon c'était le pied de jouer les compos de l'accordéoniste, Marc Berman, on en a d'ailleurs fait un joli petit disque qui s'appelle "L'Angle du chat"...


PR > Nombreux sont les artistes musiciens qui avaient une formation scolaire sans rapport avec la musique à  l'origine.  C'est ton cas ? Tu as travaillé dans d'autres domaines avant ? Tu continues ?
GL >
Oui, j'ai fait des études d'histoire, qui m'ont permis de faire des boulots plutôt sympas à  côté de la musique : prof remplaçant, veilleur de nuit... Et d'autres petits boulots. Pendant mes études, la musique a pris de plus en plus de place et après mon diplôme je m'y suis mis à  fonds. Ces temps je ne fais que de la musique.

PR > A part la musique, l'harmonica, tu as des passions, des activités préférées ? D'autres que tu aimerais faire ?
GL >
J'aime bien danser sur du bon son, passer du temps avec les amis, me balader dans la nature, bouquiner... J'aime bien boire des cafés le matin dans les bistrots, et regarder les gens partir au « travail », avant de me mettre au « travail ». J'aime bien me la couler douce, si possible au soleil.

PR > Tu as eu des références prédominantes côté harmonicistes, autre musiciens (groupes etc...) ?
GL > Evidemment, plein de bluesmen. Ca a commencé par deux disques de John Mayall qu'on m'a offert. Puis j'ai découvert Jean-Jacques Milteau, ses méthodes déjà , et puis sa manière de jouer. J'ai adoré, c'était clair, accessible. Ca a été une bonne introduction au blues pour moi. Puis j'ai découvert toute la clique, Sonny Terry, les Sonny Boy Williamson, Junior Wells, Big Walter Hornton, etc... Et surtout Little Walter. Pour moi c'est le meilleur.

Puis j'ai découvert quelques autres harmonicistes : Larry Adler, Hugo Diaz, Stevie Wonder. J'aime aussi les orchestres d'harmonicas du « Vaudeville » américain, genre Borrah Minevitch, The Harmonicats... Dans les vivants, j'aime beaucoup Bill Barrett. Oui, que des chromatiques... C'est marrant parce qu'au début, j'avais beaucoup de peine avec le son du chromatique. Dans les diatoniques, Howard Levy m'a beaucoup influencé dans sa technique, mais sinon je ne suis pas très fan de sa musique. Ha oui j'aime bien Jason Ricci. Il en fout partout mais des fois ça fait du bien !

Mais finalement, j'écoute assez peu d'harmonicistes... A part Milteau au début et peut-être Little Walter, aucun ne m'a marqué autant qu'un Jimi Hendrix, un Miles Davis, ou Pink Floyd...

Côté « autres musiciens », la liste est trop longue... J'ai pris des influences dans tout ce que j'ai écouté, évidemment. En gros, j'ai toujours aimé la musique afro-américaine en général : blues, jazz, funk, soul, rock, rap, reggae... Plein de musiques traditionnelles d'un peu partout aussi. Un peu de classique.

PR > Es-tu autodidacte ?
GL >
Oui, j'ai commencé l'harmonica en copiant des mélodies de chansons, genre Renaud, puis vers 16 ans j'ai découvert le blues et les méthodes de Jean-Jacques Milteau, que j'ai dévorées... Puis je m'en suis détaché, et j'ai appris en jouant avec des musiciens, en lisant quelques livres de théorie musicale, et beaucoup en copiant. Je continue d'ailleurs à  apprendre comme ça : en copiant des thèmes, des solos de plein d'instruments différents. J'adore essayer de faire sonner l'harmonica comme une trompette, un violon ou un sax.

PR > As-tu suivi des stages de musique ? Parfois c'est aussi l'occasion d'en faire découvrir à  ceux qui lisent les entretiens...
GL >
En 2005, j'ai suivi une masterclasse de Howard Levy, au festival Harmonicas sur Cher. Je découvrais à  peine les overblows et le chromatisme sur le diatonique, et c'était exactement ce qu'il me fallait à  ce moment. Ces deux heures a bouffer tout ce qu'il expliquait et jouait, m'a donné du travail pour dix ans... Et c'est pas fini.

J'ai fait un stage avec Michel Herblin, aussi. C'était en 2008 je crois. J'ai passé deux-trois jours magnifiques chez lui, on a plus discuté que joué, on a bien rigolé, bu des coups. J'en ai retenu quelques belles leçons de musique et un grand moment d'humanité.

Durant l'été 2014 j'ai participé à  un super stage qui s'appelle Music Village. Ca se passe dans un petit village au milieu de la Grèce, dans la montagne, avec vue sur les oliviers et la mer. Il y a plein d'ateliers différents. J'ai suivi un stage d'initiation à  la musique arabe avec un magnifique joueur de oud syrien qui s'appelle Ziad Rajab. Le soir tout le monde se retrouve sur la place à  boire des coups, il y a des concerts des profs, et après, ça jamme jusqu'à  tard dans la nuit... C'est tous les ans, à  la fin août, ça vaut le coup. Allez-y !

PR > Tu es venu jouer deux fois avec ton groupe « L'ironie du son » au grand festival français Harmonicas sur Cher. A six ans d'intervalle, les deux fois le public vous a vraiment adoré. Grand succès ! Il y a longtemps que ce groupe existe ?
L'ironie du sonGL > Nous aussi on adoré les moments passés à  Harmonicas sur Cher. L'ironie du son a fêté ses 20 ans en 2015. Ca a commencé par une bande de lycéens qui fumaient des joints et jammaient ensemble dans un local, et puis c'est devenu un groupe, au sein duquel on a appris à  jouer, à  enregistrer, à  trouver et faire des concerts... Assez vite, on a cherché notre propre son, notre propre style. On est passé par plein de configurations différentes, plein de couleurs musicales, et le groupe continue à  évoluer et à  se transformer. C'est une histoire de vie.

PR > Tu as joué avec un ou plusieurs groupes? Dans le même style ? Tu te classerais dans un style plus qu'un autre?
GL > J'ai joué avec plein de groupes différents, dans plein de styles différents... Me classer dans un style, j'arrive pas trop. Je pense que j'ai toujours une grosse base de blues, même si je ne joue pas souvent du pur blues (ça se dit ça??!!?), en deuxième position comme on dit dans le jargon... Après je mélange ça avec toutes les musiques qui m'influencent. Ce sont souvent les projets dans lesquels je joue, qui me poussent vers telle ou telle façon de jouer. Disons que les groupes dans lesquels j'ai joué ces derniers temps tournent autour du blues, du jazz et de diverses musiques du monde. Avec pas mal d'impro. Et une recherche de son. Et un lien humain fort.
 

PR > Tu ne joues pas d'autres familles d'harmonica que le diatonique ?
GL >
Si, un peu. J'aime bien les harmonicas d'orchestre : Chord, Bass. J'ai aussi un chromatique que j'utilise parfois, mais que je ne maîtrise pas du tout. J'ai trop à  faire avec le diatonique... J'ai commencé aussi à  jouer de l'harmonetta, j'adore cet instrument.

PR > Joues-tu d'autres instruments ?
GL > 
J'ai toujours joué des percussions. Depuis trois, quatre ans je joue aussi du guembri, une sorte de basse marocaine utilisée dans les cérémonies gnawa. Et puis un tout petit peu de basse et de claviers. Ha oui, j'aime bien les guimbardes aussi.

PR > Que penses tu de l'évolution de l'harmonica en tant qu'instrument et aussi des techniques de jeu... par exemple l'engouement pour les overnotes au diatonique...
GL >
Je trouve incroyable cet instrument... Ce « jouet » limité, fabriqué pour jouer de simples mélodies, se révèle petit à  petit grâce à  ceux qui en jouent... Et il devient un véritable instrument chromatique, capable de tout jouer. J'ai suivi l'histoire de l'harmonica à  force de le découvrir : d'abord des simples mélodies, puis le blues et les altérations, et enfin les overnotes qui permettent de jouer dans toutes les tonalités... Et puis tout ce qu'il y a encore à  faire... J'ai l'impression d'avoir passé des années à  embrasser un crapaud et que petit à  petit il se transforme en princesse...

Le truc, c'est que c'est un boulot incroyable pour bien les choper, ces overnotes, sans que ça sonne faux ou « forcé ». En tout cas pour moi, ça a été un travail de longue haleine, autant pour la technique de jeu que le réglage de mes harmos. Et c'est pas fini. Mon but, c'est de pouvoir jouer aisément dans toutes les tonalités, en me laissant influencer par l' « asymétrie » de cet instrument. C'est-à -dire que selon la position dans laquelle on joue (autrement dit la tonalité par rapport à  l'harmonica), on va jouer de différentes manières. Et puis l'expressivité de ces notes « fabriquées » avec la bouche...

Par contre, la plupart des harmonicistes de cette « nouvelle école » initiée par Howard Levy me laisse froid... Je trouve qu'il y a beaucoup de virtuosité, de technique, et peu d'âme... Ca me fait penser à  l'époque où les bassistes découvraient le slap... Je vais de temps en temps écouter des trucs sur internet, pour me prendre des baffes techniques parfois, mais il y en a peu qui me séduisent... Je ne prétends pas faire mieux (surtout que je tombe dans les mêmes travers... et ça, ça m'énerve au plus haut point !), mais en tout cas j'essaie de chercher ailleurs.

PR > Tu proposes des cours d'harmonicas? En Suisse, j'ai l'impression qu'il y a peu de professeurs, alors qu'il y a un très bon niveau chez les différents harmonicistes que je connais...
GL >
Ca m'arrive, mais je ne cours pas après. J'ai aussi l'impression qu'il y a peu de profs dans le coin. Je sais que Bonny B. donne des cours jusqu'à  Genève (il habite à  Fribourg je crois), mais je n'en connais pas d'autres. Tiens, d'ailleurs je viens de croiser quelqu'un qui a pris des cours avec lui, et qui m'a dit que c'était un super professeur.

Du coup certaines personnes me demandent de leur enseigner des trucs, et en général j'accepte de façon ponctuelle. En fait j'aime beaucoup donner un cours où je vais rencontrer la personne, voir où elle en est, et lui donner des pistes pour avancer tout seul. Ca m'arrive aussi d'avoir quelques élèves réguliers.

J'ai aussi fait quelques ateliers d'initiation à  l'harmonica pour des complets débutants, et même des gens qui ne savaient pas qu'ils allaient jouer de l'harmonica à  cet atelier, et j'ai adoré. C'est un truc que j'aimerais développer.

PR > Penses-tu que le fait d'avoir plusieurs communautés (francophone, germanophones, italophones) dans un même pays puisse avoir un impact sur la culture, peut être l'apprentissage de l'harmonica ou le fait d'y organiser des événements tels que des stages, ou festivals etc... 
GL >
J'en sais rien... J'ai l'impression qu'en Suisse Alémanique, comme en Allemagne, ils ont encore gardé un peu de la tradition des orchestres d'harmonica, à  l'ancienne, bien traditionnel... Mais à  ma connaissance il y a beaucoup moins de choses qui se passent autour de l'harmonica qu'en France. Sinon c'est chouette, ce petit pays avec des langages différentes... Artistiquement il y a plein de choses qui s'y passe, et c'est vrai qu'on voit une différence de culture assez marquée entre chaque région, c'est comme un carrefour au milieu de l'Europe.

PR > Tu t'intéresses beaucoup à  tout ce qui est effets, amplis, micros. Tu veux bien nous dire ce que tu utilises habituellement comme matériel ? 
Raaga trioGL >
J'ai un ampli Fender Champ 57, une réédition. J'adore cet ampli : tout petit, tout léger, gros son, avec un seul bouton pour le volume. Tu branches, ça sonne ! Et là  je viens de trouver le micro qui va bien entre lui et mon harmonica : un Astatic D4T des années 50. J'ai trouvé plein de vieux micros sur Audiofanzine, un type à  Paris qui les retape et les revend pour arrondir ses fins de mois. J'ai passé deux après-midi chez lui à  essayer une cinquantaine de micros. Et je suis reparti avec ce D4T et d'autres vieilleries sympas que je n'ai pas encore eu le temps d'explorer.

Voilà  pour le son de base, avec une pédale de reverb Subdecay Spring Theory, une disto Classic SansAmp de Tech21, un Xotic RC Booster. Et un super petit égualiseur paramétrique de marque WMD.

Pour certains projets, j'ajoute ensuite différents delays et filtres. J'aime bien faire du noise, du dub, des ambiances, avec des sons qui partent dans un long delay, que je modifie ensuite avec des filtres ou effets de synthé.

Pour le son acoustique, sur scène j'aime bien avoir un Sennheiser KMS-105, sinon un bête SM58 me va très bien. En studio, j'aime bien les micros à  ruban.

PR > Ce qui m'a donné envie de cet entretien, c'est non seulement les succès que tu as eu lors de tes passages en France, mais aussi ton ouverture, ton approche de la musique, pas si courante,  expérimentale. Ça parait flou de parler de musique expérimentale. Tu décrirais ça comment ?
GL >
Beuh... Je n'ai pas l'impression d'avoir une approche « pas si courante » ou expérimentale... Oui, il y a toujours une dose d'« expérimentation », dans le sens où j'essaie de faire mon truc à  moi, de chercher « mon » son, et surtout pas de ressembler à  d'autres. Même si je m'inspire de plein d'autres ! On peut dire aussi que la plupart des groupes dans lesquels je m'investis ont la même démarche. Et puis c'est vrai que j'aime bien faire des trucs bizarres avec des pédales d'effets.

Sinon, côté « boulot » sur mon instrument, je suis de plus en plus obsédé par deux choses : d'abord la justesse. Ou plutôt LES justesses. Trouver l'endroit exact où « ça se passe », choper une note altérée ou « overblowée » juste où il faut pour déclencher une émotion, un truc qui vibre dans le ventre. Et puis je commence à  m'intéresser plus profondément aux tempéraments africains et orientaux, avec ces notes qui sonnent faux à  nos oreilles occidentales mais qui sont juste « ailleurs ».

Ensuite, le son : le son acoustique, celui qui sort de mon harmonica, de ma bouche, et puis le son « électrique », branché dans un ampli. Sculpter son souffle comme si on créait une petite statue unique à  chaque respiration... Tiens ça me fait penser aux jolis mots de Michel Herblin : « sculpteur de courants d'air »...

En fait, les deux se rejoignent... Il y a quelques années je me suis rendu compte, en passant deux mois chez un ami saxophoniste (un super musicien), que j'étais toujours un peu « bas » par rapport à  lui. Le réglage de mes harmos et ma façon de jouer faisaient que j'avais tendance à  « bémoliser ». J'ai beaucoup travaillé ça, et petit à  petit mon son est devenu plus clair, plus expressif, comme par magie.

Au final, ce qui m'intéresse le plus dans tout ça, dans l'harmonica, dans la musique, c'est de retrouver le plus souvent possible cet état d'abandon, cet oubli de soi où la musique traverse le corps sans obstacle. Où tu n'es plus en train de réfléchir à  ce que tu joues, où l'égo se fait oublier. Et c'est du boulot pour préparer les conditions favorables à  cet état...

Et puis, j'aime faire ça à  plusieurs... Cette magie qui opère quand la connexion se fait, sur le plan humain et musical, entre des musiciens. Que ce soit avec un groupe avec qui tu joues depuis 20 ans, ou un musicien que tu rencontres pour la première fois.

PR > Tu sais lire le solfège? Tu utilises des partitions solfège pour l'harmonica ?
GL > Je m'y mets un peu, au solfège, mais je me suis toujours débrouillé à  l'oreille. Sinon, pour un cours, ou pour noter une gamme, j'utilise les tablatures comme dans les méthodes de Milteau.


PR > Vas-tu souvent dans des événements autour de l'harmonica, sans y être forcément invité pour jouer ?  Ca te tente ?
GL >
Je suis allé trois fois à  Harmonicas sur Cher, c'est tout. Chaque fois que j'y ai joué j'ai prolongé mon séjour pour profiter du festival. J'adore ce petit village, les gens qui font ce festival, l'ambiance. Mais j'avoue qu'après, je ne peux plus écouter de l'harmonica pendant au moins deux semaines tellement j'en ai plein les oreilles... Oui, j'ai bien envie de découvrir d'autres festivals dans le genre. De préférence avec un de mes groupes...

PR > Tu as fais combien de CD ?
GL >
Une vingtaine avec différents groupes, mais aucun sous mon nom.

PR > T'arrives-t'il de participer à  des CD d'autres groupes ? Faire du studio aussi ?
GL >
Une autre vingtaine en invité, sur un ou deux morceaux.

PR > On est souvent tenté de classer ou cantonner les musiciens dans des styles... Et toi ?
GL >
Ben j'essaie de résister à  la tentation.

PR > Tu as des projets en cours ? Pas forcément liés à  l'harmonica...  
GL >
Avec L'ironie du son, on vient de sortir un vinyle de la musique qu'on a enregistrée pour un film qui s'appelle « Pipeline ».

On a fait quelques ciné-concerts, des projections du film avec la musique jouée en live, et on aimerait bien continuer ça un petit peu. On a aussi commencé une collaboration avec un autre groupe, un truc un peu barré, comme on aime...

Sinon j'ai deux projets de musique de théâtre en cours, mais c'est encore un peu tôt pour en parler. Mais promis Patrice, je te tiendrai au courant...

Hé, merci pour cette interview !
Références sur Internet

Guillaume Lagger: http://www.lironieduson.ch/

Partage Facebook
Partage Twitter Partage Google+ Retour Accueil