Patrice Rayon >
Comment as-tu commencé la
musique?
Bruno Rouillé >
J'ai commencé la musique enfant dans une école de musique municipale.
J'y ai pratiqué en orchestre le Cor d'harmonie jusqu'à l'âge de 13 ans
en cours préparatoire-1, validé par un examen, avec une première
mention avec félicitation du jury, en pratique instrumentale. Ce fût la
dernière fois que je jouais devant un jury et encore plus bénéficiais des
félicitations d'un quelconque jury. Ca restera probablement l'unique
fois. Je suis peu sensible à l'esprit de compétition, médailles ou
autres coupes. D'ailleurs pour commémorer ça, un an après j'arrêtais la
musique pour faire de la voile, avant de renouer avec une pratique
musicale, en public vers 17 ans, comme harmoniciste.
PR > Des influences ? Peut être aussi dans
ton entourage proche, familial, copains...
BR >
Gamin mon père m'avait emmené au premier festival inter celtique de
Lorient. J'avais été fasciné par la cornemuse écossaise et les
flûtistes irlandais. Je suis devenu fan d'Alan Stivell mais
aussi, grâce à la discothèque bien pourvue d'un oncle, de Louis
Amstrong et de Bill Halley dont le Rock around the clock était, sans
que je le sache, une grille de blues. Ce qui m'a aidé par la suite
lorsque
j'ai entendu parler pour la première fois du Blues. J'avais aussi du
côté de ma mère une famille où l'on chantait et dansait beaucoup, en
français mais aussi en breton. J'ai d'ailleurs repris par la suite avec
le groupe L'Ange Vert une chanson en breton, Son ar Scorv,
que chantait mon
Grand-Père
maternel et enregistré par mon père à l'époque des premiers
magnétophones à cassettes. En studio, ce "collectage" a été mis en
début de morceau, en forme d'hommage.
Bruno
au chant, chromatique et bombarde (Son grand-père en Intro) |
|
Son
ar Scorv : |
|
PR > D'où te vient ton intérêt pour
l'harmonica ?
BR >
Pour mes 12 ans mon père m'avait offert un harmonica trémolo sol/do de
la marque Intermezzo et m'avait appris à jouer la gamme de do parce
qu'il en avait eu un lui-même quand il était enfant. Mais avant de
connaître le Marine Band à l'âge de 17 ans, j'aurais voulu un
chromatique pour jouer « Il était une fois dans l'Ouest ». Le prix de
l'instrument en a décidé autrement.
PR >
Nombreux
sont les artistes musiciens qui avaient une formation scolaire sans
rapport
avec la musique à l'origine. C'est ton cas ? Tu as travaillé dans
d'autres domaines avant ?
BR >
J'ai suivi un cursus philo-lettres au Lycée mais sans lendemain.
PR > A
part la musique, l'harmonica, tu as des passions, des activités
préférées ?
D'autres que tu aimerais faire ?
BR >
J'ai une passion pour l'ornithologie mais que je n'ai plus le temps
d'exercer depuis un certain nombre d'années. Faute de sortir la longue
vue, j'entretien mon oreille chaque printemps à identifier les oiseaux
à partir de leurs chants ou de leurs cris. Mais j'ai toujours une paire
de jumelles dans la voiture. Autrement j'aime de plus en plus
l'écriture, juste pour moi, depuis que je me suis mis en tête d'écrire
des chansons au début des années 2000. C'est très relaxant. Cependant
aussi le temps me manque un peu. Je lis de la poésie régulièrement
pour me nettoyer la tête. J'ai aussi adoré dessiner. J'avais pris des
cours en conservatoire à Villejuif. Le prof' était un Grec avec un
charisme énorme. C'est d'ailleurs l'envie de peindre et dessiner des
oiseaux qui m'y avait conduit.
PR > Tu as eu des références prédominantes
côté harmonicistes, autre musiciens (groupes etc...) ?
BR >
Le premier harmoniciste qui m'a révélé l'harmonica
diatonique
et la
possibilité de l'utiliser
dans différents styles est Jean-Jacques
Milteau dans son vinyle « Spécial harmonica », pour le label Chants du
Monde et l'album «
Blues Harp » qui a forgé mon jeu (et qui était très
critiqué par les puristes de l'harmonica blues, ce qui me faisait
sourire intérieurement).
Ces deux disques m'ont fait connaître Charlie McCoy, Sonny Boy
Williamson II, Little Walter et bien évidemment Magic Dick avec The J.
Geils Band dont j'ai toute la discographie en vinyle.
L'album Chants du Monde de Sonny Terry a été aussi une révélation ainsi
que John Mayall et son cultissime Room to move, Neil Young de l'album
Harvest, l'introduction de « school » de l'album « Crime of the century
», chef d'œuvre de Supertramp, plus tard Michel Herblin. Un autre
harmoniciste fabuleux et inventif avec qui j'ai sympathisé est le
Québécois Pascal Per Veillette. Tout ça est très éclectique.
Ensuite j'ai découvert Toots Thielemans et l'immense richesse du monde
du chromatique. Je ne parlerai que du solo « Isn't she lovely » de
Stevie Wonder, le son phénoménal de Hugo Diaz, la subtilité de Mauricio
Einhorn ou d'Olivier Ker Ourio. Plus récemment, le compositeur
français
Eric Pénicaud m'a fait découvrir un harmoniciste exceptionnel en la
personne d'Antonio Serrano, sur Youtube dans les derniers concerts de
Paco De Lucia.
Vinyles qui accompagnent Bruno
depuis 40 ans... La plupart sont cités ici (cliquer pour agrandir). |
||||
En dehors de l'harmonica, qui ne fait pas partie de ce que j'écoute le plus il y a, en Jazz, Miles Davis, John Coltrane, Eric Truffaz, Ibrahim Malouf, Paolo Fresu, Roberto Fonseca, en classique, Ravel, les compositeurs français du XIXème siècle, Dvorak, Stravinsky, Pierre Henry, en Pop, Air, The Chinese Man, Parov Stelar (artistes que m'ont fait découvrir mes filles), en Chanson française, Bashung, Bertrand Belin, Jean-Louis Murat, Thiefaine, Deraime (première période) et puis les monstres sacrés historiques masculins ou féminin, en Musique du Monde, Tinariwen, Orchestral Baobab. Il y a aussi des compositeurs et orchestrateurs comme Lalo Schiffrin (dont je suis fan), Michel Colombier, François Rauber.
Composition pour diatonique et chromatique | |
Pleiben Alre : |
|
PR > Es-tu autodidacte ?
BR >
En harmonica presque. Mais ma connaissance théorique de la musique m'a
fait gagner beaucoup de temps.
PR >
As-tu suivi des stages de
musique ? Parfois c'est aussi l'occasion d'en faire découvrir à ceux
qui lisent les entretiens...
BR >
Le dernier auquel j'ai assisté était un stage de blues à Monteton en
1985.
PR > T'arrive-t-il
d'aller faire un tour dans des festivals d'harmonica hors de France ?
BR >
Non, à part quand j'y suis programmé, ce qui est rare. Depuis que j'ai
commencé au début des années 80, j'ai été programmé en tout et pour
tout à deux reprises en festival d'harmonica et les deux fois à
Harmonica sur Cher (je salue
Christophe Minier pour son esprit ouvert
et curieux) entre 2007 et aujourd'hui. Je n'ai pas beaucoup de
temps et
je dois faire des choix financiers et privés. J'ai été programmé dans
des festivals de guitare classique (plusieurs fois à Guitare en
Picardie), de musique classique (cette année en septembre le Festi
classique de Cognac en compagnie de lauréats des victoires de la
musique classique) ou de musique du monde (plusieurs éditions du
Festival Inter celtique de Lorient, les Heures d'Eté à Nantes),
de jazz
et de blues (Les Rendez-vous
de l'Erdre, Blues Passion de Cognac).
PR > Tu
as joué avec un ou plusieurs groupes ? Dans des styles différents, y
compris avec Eline Lequyer de la compagnie de marionnette « Niouton
Théâtre » ? Tu te classerais dans un style plus qu'un autre ? Tu as
l'air ouvert à de nombreux projets très variés... En passant je viens
même de te voir avec un groupe de métal (La vidéo est ici)...
BR >
Il
s'agit du groupe Enlightened qui est un groupe de Stoner-metal
français. Pour moi l'harmonica a toujours été un moyen de faire de la
musique et pas un but (peut-être
la raison pour laquelle je ne suis pas
un familier des festivals d'harmonica...) Ai-je choisi
l'instrument ou
est-ce lui qui m'a choisi ? En tout cas, j'aime la Musique et j'adore
comprendre comment elle fonctionne. Ainsi quand j'ai décidé de jouer de
la musique traditionnelle bretonne, j'ai appris à danser gavottes,
plinn, ronds, andro, hanter-dro et autres laridées pour comprendre le
système des temps forts qui caractérise cette musique. Cette approche
intellectuelle m'a été d'un grand secours pour la création du spectacle
de marionnette et pour répondre aux exigences d'Eline Lequyer. En outre
ma curiosité pour les harmonicas d'orchestre et l'exploration de leur
potentiel musical ont été fondamentales.
|
J'ai aussi joué en duo avec le guitariste et chanteur franco-américain
Paul Breslin (qui jouait alors
avec Eddy Louis dans le projet «
Multicolors feeling fanfare ») dans un répertoire plus proche de
la
country et du jazz que du blues. Mais c'est mon passage en 1993 chez
Bill Deraime qui a été le plus
marquant. Surtout lorsque je me suis
retrouvé sur scène à jouer les parties de Milteau que je relevais,
quand j'avais 18 ans, le doigt sous le bras de l'électrophone, sur les
sillons de l'album « Plus la peine de frimer ». Les deux premières
tournées françaises de Neal Black ont été aussi une super expérience.
Autrement, avant de jouer de la musique classique avec Cyrille Simon
j'ai, pendant un temps, mis l'harmonica entre parenthèses pour écrire
et composer des chansons. Mon approche et mon grand jeu étaient
d'écrire d'abord les textes en m'imposant des formes propres à la
poésie et, à partir de là, tailler une musique et un univers musical
sur mesure. C'était passionnant.
PR >
Dis
moi, tu joues (bien) d'à peu prêt toutes les familles d'harmonica ?!!!!
Tu les as tous appris en autodidacte ?
BR > Pour être précis, je joue de certains harmonicas mieux que d'autres. Du
moins j'ose croire qu'on voit à peu près desquels il s'agit.
J'ai été initié à la basse par un harmoniciste nantais qui, étant
lui-même contrebassiste, m'a appris à construire une ligne de basse. La
connaissance de la théorie et mon passage en classe de jazz au
conservatoire de Nantes, où j'ai étudié l'harmonie, a fait le reste.
L'harmonica « basse » est un instrument fascinant par la taille et le
son.
|
PR >
Joues-tu
d'autres instruments ? Je sais que oui en fait mais tu pourrais nous en
parler ?
BR > J'ai
pratiqué comme je le disais plus haut le Cor d'harmonie en orchestre
puis, lorsque j'étais à Paris à la Mission Bretonne, j'ai pris des
cours de bombarde (le
haut-bois breton), des cours de chant
traditionnel breton (kan ha
diskan). J'ai aussi écrit des arrangements
pour un bagad et dirigé comme pen-sonner (chef d'orchestre breton).
Ces
pratiques en plus de l'harmonica ont été mon ticket d'entrée dans le
groupe de rock L'Ange Vert.
Dans les années 2000, j'avais décidé d'écrire et composer et je m'étais
mis aussi à travailler un minimum la guitare (bien qu'une de mes
chansons ait été composée depuis le piano, de façon très sommaire, je
ne suis pas du tout pianiste !). Ca m'avait même permis d'en
jouer sur
scène dans deux chansons.
PR >
Que
penses tu de l'évolution de l'harmonica en tant que instrument et aussi
des techniques de jeu... par exemple l'engouement pour les overnotes au
diatonique...
BR >
Je trouve qu'il y a une créativité extraordinaire depuis quelques
années et un niveau technique exceptionnel. La technique des overnotes
y contribue beaucoup depuis que des musiciens comme Howard Levy ou
Michel Herblin ont ouvert la voie dans les années 80. Il ne faut pas
oublier non plus le travail de recherche sur l'instrument de quelqu'un
comme Jean Sabot. A part ça la technique des over-notes est une
évolution normale de l'instrument mais ne constitue pas pour autant un
alpha et un oméga. Il faut juste que cette technique soit connue par
tout harmoniciste moderne. Mais cette technique suppose que
l'harmoniciste s'intéresse un minimum à la théorie musicale.
PR >
Tu as connu les tous débuts des cours d'harmonica à Utopia je crois,
les masterclasses de Jean-Jacques Milteau.
BR >
Je n'ai jamais assisté à un Masteclasse à l'Utopia. J'en ai animé un,
assez catastrophique. Je ne savais pas quoi faire, dire et ce que je
pouvais apporter à ceux qui y assistaient.
J'ai surtout connu l'Utopia parce que j'y étais programmé régulièrement
entre 1985 et 1993 dans diverses formations et en particulier avec le
guitariste Alain Vazart.
PR > T'intéresses tu beaucoup à tout ce qui est effets, amplis,
micros? Tu veux bien nous dire ce que tu utilises habituellement comme
matériel ?
BR >
Pendant quelques année j'ai fait un rejet des effets après en avoir
utilisé beaucoup et mal,à la charnière des années 80-90. J'avais
décidé de mettre les compteurs à zéro pour travailler (et non pas
retravailler) le son naturel et le phrasé.
Depuis deux ans je les réintroduis dans des contextes qui me paraissent
convenir à leur utilisation. Je n'utilise pas d'ampli à lampe au son
trop typé. J'utilise un AER avec un pédalier constitué d'une Lone Wolfe
Harp-breaker, quelquefois couplée avec une Big Muff (fabrication années
70) pour un certain type de disto, d'une pédale Wa-wa qui est un
engin
fabuleux (l'idée m'est venue à
l'écoute de Miles Davis et Eric
Truffaz), une delay analogique que j'avais acheté dans les
années 80,
pour certains passages qui peuvent s'y prêter et un shure 545sd avec un
potard de volume Hohner. Mais j'ai toujours un micro sur pieds pour le
son pur.
L'instrument a aussi son importance. Raison pour laquelle j'ai un un
Goden Melody et un Crossover pour les tonalités sol, la, do et fa. Ces
deux harmonicas proposent un univers sonore différent, que ce soit en
son saturé ou purement acoustique.
PR >
Tu
lis le solfège! Avec le diatonique tu as une méthode pour jouer sur des
partitions en notation solfège. Je ne suis pas certain de me souvenir
si tu utilisais le diato avec Cyrille Simon par exemple ?
BR >
Avec Cyrille Simon je n'utilise que le chromatique (SX64 ou Sirius64).
Le seul et bref essai fait avec un diatonique s'est révélé, d'un commun
accord, sans intérêt. Il n'y que le chromatique 64 qui me donne de la
réserve en puissance et de l'homogénéité dans le phrasé et le son,
quelque soit l'octave dans laquelle je joue. L'exécution de certaines
pièces au diatonique comme les quatre mouvements de « L'Histoire du
Tango » relèverait plus du numéro de cirque que de la musique. Sans
compter les trésors que révèle l'utilisation du sélecteur pour aborder
certaines gammes sous différents angles, la possibilité d'effectuer de
vraies trilles que je commence aussi à travailler dans la rapidité
d'exécution des aspirés-soufflés combinés aux déplacements. Les
possibilités polyphoniques m'ont aussi conduit à travailler de plus la
langue pour jouer alternativement ou ensemble les tierces, quartes,
quintes, le legato entre des notes séparées par un ou plusieurs trous.
Je constate qu'à chaque nouvelle partition, quelle soit écrite pour
l'harmonica (comme s'est le
cas pour celle que nous a dédié Christophe
Leu pour les éditions d'Oz) ou pour un autre instrument soliste,
je
passe de plus en plus de temps à penser ma partition et à l'annoter
comme peuvent le faire un violoniste, un guitariste ou pianiste qui
notent leur doigtés. Je m'astreins à respecter, autant que faire se
peut, le compositeur, pour ne pas le trahir.
En
ce qui concerne le solfège et le diatonique, je pense qu'il faudrait
un jour convenir d'un système transpositeur comme pour les cuivres. Les
partitions de la famille des saxophones sont par exemple écrites comme
s'ils étaient tous en do. On devrait faire la même chose avec les
diatoniques. Quelque soit la tonalité de l'instrument on écrit pour un
harmonica en do et on indique quel harmonica doit être utilisé par
rapport à la tonalité réelle du morceau. Il n'y aucun instrument qui
oblige à raisonner dans 12 configurations différentes. C'est une perte
de temps et d'énergie.
Les indications, du type tablatures, ne sont utiles que pour indiquer
l'utilisation du sol soufflé ou aspiré et lorsque le système de
l'overnote permet des doublons comme dans le jeu de Sébastien Charlier
qui en a une maîtrise hors du commun.
En bref, je suis partisan d'une pratique minimum du solfège qui est un
système universel. Il faut se rendre compte qu'un tout petit signe
placé sur une portée donne à la fois deux informations fondamentales
pour la musique : la hauteur de la note et sa valeur dans le temps, y
compris pour un silence. C'est quand même génial !
En face, on a plusieurs systèmes qui combinent des sigles, des
chiffres, des lettres, des quadrillages qui ne donnent qu'une seule
information : la hauteur de la note (encore heureux qu'on sache qu'il
faut lire de gauche à droite !). En outre s'impose l'assistance
d'un
support supplémentaire, un artefact, pour écouter une série de chiffres
et de sigles afin d'avoir leur valeur dans le temps. Pourquoi faire
simple quand on peut faire compliqué !
Je n'oublie pas pour autant le travail de l'oreille et de la
mémorisation qui est une approche spécifique que j'utilise avec mon
élève et qui est trop marginalisé par la pédagogie institutionnelle
française. Je dissocie les deux systèmes d'apprentissage, qui ont pour
moi la même valeur, pour un but unique qui est l'acquisition de la
musicalité.
C'est un avis que je me suis forgé à travers mes diverses expériences.
Mais je comprends que certains ne partagent pas le même point de vue.
PR > Vas-tu
souvent dans des événements autour de l'harmonica, sans y être
forcément invité pour jouer ? Ca te tente ?
BR >
C'est une question d'emploi de temps, d'argent et de vie privée qui
m'impose de faire des choix et ceux-ci ne me permettent pas, à mon
grand regret, d'assister à ce genre d'évènement, sauf s'ils se
déroulent en région nantaise. Ce qui s'est déjà produit.
PR >
Tu
as fais combien de CD ?
BR >
Entre ceux dans lesquels j'ai été invité, ceux dans lesquels j'étais
coproducteur, distribués ou pas par un label je dirais entre 12 et 15.
|
PR > Peux-tu
nous parler des différents groupes et projets auxquels tu participes ou
avec qui tu as participé ?
BR >
Je vais aller à l'essentiel. Les formations qui ont abouties à la
production d'un album (sous
label ou pas) et respecter une certaine
chronologie.
Je mets à part des expériences particulières comme le spectacle de
marionnettes ou des expériences occasionnelles comme Bill Deraime et
Neal Black.
Le groupe le plus important a été le groupe de rock celtique L'Ange
Vert. Un groupe de musiciens argenteuillais tous descendants de bretons à divers degrés. J'y jouais de l'harmonica (diatonique ou chromatique),
de la bombarde, du tin whistle et je chantais les quelques chansons en
breton du répertoire qui était autrement un répertoire de compositions
en français.
Le groupe Thoma, de chanson française dans lequel j'utilisais sur scène
l'harmonica basse pour faire une basse authentique qui prenait le
relais de celle que faisait le guitariste électrique. Il y a
quelques vidéos tournées au TNT à Nantes.
Mon duo avec le guitariste classique Cyrille Simon
fait partie de ce
qui me tient le plus à cœur parce qu'il est aussi ce que j'ai fait de
plus original et expérimental jusqu'à maintenant.
Ma collaboration avec Gwen Saliou (alias Eric Vasse ex-chanteur du feu
groupe l'Ange Vert) est jubilatoire parce qu'on ne se met aucune
barrière stylistique. On fait ce qui nous plait et on a de comptes à
rendre qu'à nous même et tant pis pour ceux qui ne comprennent pas. Je
m'éclate à porter un soin particulier à chaque partie d'harmonica en
allant puiser dans ma culture musicale et dans les différents types
d'harmonica que je pratique.
J'ai d'autres projets en vue, en classique ou jazz-blues mais qui en
sont encore à l'état d'ébauche.
PR >
Tu fais du studio aussi je crois ! Souvent ?
BR >
Ma première participation à un enregistrement en studio date de 1994.
C'était pour le disque « Parallèles » de la harpiste bretonne
Anne-Marie Jan, produit par le violoniste breton Pierrick Lemou (pour
l'anecdote c'est lui qui me fit adhérer à SPEDIDAM) et distribué
par
Keltia Musique.
Titre joué aux côtés de la harpiste bretonne Anne-Marie Jan... | |
New blues : |
|
C'est
Pierrick Lemou qui m'offrit ma deuxième participation à un
enregistrement studio pour son album « Kalon Koad », distribué par «
L'Autre Distribution », sur un thème breton et irlandais.
Puis il y a eu les quatre albums du groupe L'Ange Vert distribués à ce
jour par le label Musea, dont le quatrième enregistré en public dans un « Café de la Danse » (Paris)
qui affichait complet ce samedi soir là
(un motif de fierté et de
satisfaction énorme).
En 2000, j'ai enregistré avec mon ami Dan
Inger, chanteur
franco-portugais, pour son album « Atlantico », distribué par Next
Music. Il m'avait demandé d'écrire et jouer un arrangement pour la
flûte et la bombarde en compagnie d'un joueur de guitare portugaise,
sur des paroles en portugais, pour une de ses chansons (c'est
d'ailleurs la dernière fois que j'ai joué de la bombarde). Sur
cet
album (Lien Deezer),
j'ai aussi joué mon premier solo au chromatique sur le titre "Casaria" (2ème minute). Pour ce
projet,
Dan Inger avait invité quelques personnalités comme la chanteuse Lio
mais aussi Patrick Verbeck avec qui je joue le blues
de l'album « Rei
do blues ». Dan Inger m'a aussi invité à jouer sur un disque enregistré
en public au « Belvédère » à Champigny sur Marne en compagnie de
Jean-Luc Reichmann, l'animateur télé, qui a une très belle voix grave
et qui est extrêmement sympathique (Vidéo).
PR > On
est souvent tenté de classer ou cantonner les musiciens dans des
styles ! Et toi ?
BR >
Je me classe dans le style de l'artiste avec qui je joue au moment où
je joue avec lui. Je suis un électron libre. Ou alors, musique du
monde, variété ou musique variée ? Je suis surtout musicien.
PR > Tu
as des projets en cours ? Pas forcément liés à l'harmonica...
BR >
Oui, aller en vacances en Argentine avec ma compagne.
PR > Tu
viens de renouveler ton site, tes « niousletter » sont très bien
tournées et tu es l'un des meilleurs soutiens de l'agenda événementiel d'harmonica ! Les artistes, ne sont pas toujours très au
fait de l'importance Internet et des réseaux sociaux pour parler de
leurs projets. C'est difficile de parler pour les autres, mais
t'expliques-tu quelles pourraient être les raisons qui peuvent bloquer
un artiste sur la mise en œuvre d'une communication sur Internet ?
BR >
Elles sont sans doute les mêmes que celles du restant de la population.
Personnellement, je n'ai pas les moyens de payer quelqu'un pour
administrer ma comm' sur mes différents comptes. Je m'y suis donc mis
et comme pour la musique, j'aime comprendre comment ça marche. Mais
aussi, je n'ai pas peur de me planter, de ne pas comprendre tout de
suite et d'avouer mon ignorance ou mes limites dans certaines
situations.
Mais sur un autre plan, en regard de ce que l'actualité nous dit, je
pense qu'il serait temps que les femmes et les hommes de bonne volonté
de ce pays et de cette planète s'y intéressent et s'y investissent
massivement pour ne pas laisser le champ libre au pire. Il s'agissait
d'une technologie développée au départ par des universitaires pour
partager les connaissances. Il faut rétablir l'équilibre. Fin de la
digression.
PR > Selon
toi, qu'est-ce qui peut pousser quelqu'un à faire un métier artistique
?
BR >
L'envie et le besoin de créer, se sublimer et partager collectivement
un moment esthétique, fortuit et donc unique.
PR > Merci
Bruno
pour cet entretien et d'avoir bien voulu te livrer autant...
BR >
Bravo à toi Patrice, pour l'immense travail que tu consacres à faire
connaitre notre instrument et ses instrumentistes au plus grand nombre.
Bruno Rouillé: http://webrouille.wix.com/bruno-rouille
Sound cloud: https://soundcloud.com/bruno-rouill-1