Voici peut être venue, l'heure de mon dernier article pour ce magazine. Depuis des années, je l'attendais avec impatience dans ma boite aux lettres, bien avant d'y contribuer, sur invitation de Bernard Germain... Dans l'hypothèse où le bureau ne serait pas parvenu à trouver assez de candidats suffisamment disponibles pour son fonctionnement: c'est de la disparition de l'association qui oeuvre actuellement le plus pour la fédération de toutes les associations de France dont il s'agit. Les deux termes les plus employés à partir de ce jour dans le langage des ex-membres de H2F, voire des harmonicistes en général : « Dommage » et « Il fallait »... Qu'en déduire ? J'espère que vous lirez cet article avec l'esprit le plus positif possible. Le but est de savoir rebondir...ou au moins d'essayer...
Je commencerai fort en supposant que les Mayas ne parlaient pas de H2F concernant la prévision de la fin du monde en 2012... D'ailleurs nous n'étions pas le 21 Décembre mais le 10 Juin... Rien n'est jamais définitivement perdu, mais attention tout de même! Rien n'est jamais définitivement acquis non plus !!!...
L'autre hypothèse est qu'un miracle a sauvé « Harmonicas de France » ; pour autant, le but de prise de recul de cet article reste le même. Le trop faible rassemblement d'une communauté pour la bonne santé persistante de l'harmonica : toute la communauté y aura contribué; moi inclus, pour ne pas avoir été assez bon dans mes actions plus ou moins connues ou comprises, peut être pas assez mûres...
Chacun peut et devrait apporter sa petite pierre. Ne serait-ce que pour conserver le bon équilibre entre recevoir et donner, sans quoi au bout d'un moment la barque chavire... Le fonctionnement du réseau des harmonicistes, avec tout ce qui en découle, dépend aussi de la volonté de la communauté d'atteindre les buts qu'elle souhaite, pourvu qu'elle y mette les moyens ; que chacun ne compte pas forcément sur les autres pour y parvenir...
Pas de panique ! Les moyens, ne signifient pas l'argent, mais le temps, l'ouverture, le fait de s'intéresser aux autres avec bienveillance comme tout passionné avide d'encore plus de découvertes... Le charisme et la persévérance pour qui sait en avoir, afin de s'assurer que les initiatives soient le plus efficaces possible ; le fait de participer le plus possible à des événements autour de l'harmonica, ne serait ce que pour connaître suffisamment de monde et bénéficier ainsi d'un réseau de connaissances toujours grandissant, à terme : d'un aura qui favorise le passage de messages, la prise au sérieux, la confiance de la part de la communauté. Autant de choses que Albert Raisner semblait avoir en lui-même, avec visiblement une capacité exceptionnelle de sentir le vent qui tourne et n'en perdre aucun souffle, pour faire tourner le moulin à son meilleur rendement ! Pourquoi serait ce différent aujourd'hui ? L'humain n'as pas changé à ce point, la société peut être, mais il faut s'adapter !...
Mon expérience personnelle est courte, si je compare avec nombre de membres de H2F, qui jouent parfois depuis plus de 40ans et ont connu l'age d'or... J'ai encore de longues années de vie active avant de pouvoir m'impliquer autant que je le souhaiterais moi-même, plus encore que aujourd'hui... Mais qui sait dans 25ans ?!... Un petit recul préalable sur notre univers, me permettra de vous expliquer ma façon de participer, et comment j'en suis arrivé là . Juste un exemple parmi d'autre... Là au moins je ne prends pas le risque de déformer ce que je n'ai pas vécu. Il est vrai que qui ne prend jamais de risques non plus, à peu de chances d'être critiquable, sinon peut être sur le fait de ne pas essayer de construire grand-chose. Mais surtout j'espère convaincre ceux qui ne l'auraient pas encore réalisé, combien la rencontre des autres, la participation à de nombreux événements non limités à un petit groupe, peuvent épanouir et combler tout passionné au-delà de ce qu'il imaginait. Le fait de voir les autre rassemblés et heureux de l'être, peut être lié au petit bonheur personnel que de savoir que vous y êtes parfois un peu pour quelque chose...
On peut dire que notre petit monde d'harmonicistes pratiquant et amateurs est pittoresque ! Il est peuplé de gens très souvent enthousiastes, solidaires, plein de gentillesse et rarement dénués d'humour, qui manifestent toujours un grand plaisir à échanger joyeusement leurs trouvailles, comme autant de trésors et de portes secrètes s'ouvrant toujours sur encore plus d'autres portes secrètes. Les adeptes de d'Artagnan préféreront sans doute parler de botes secrètes...
L'instrument en lui-même a cette particularité que vieux de presque 200ans, on n'a toujours pas fini de l'inventer ; et chaque évolution l'éloigne un peu plus du jouet que la majorité des gens veulent y voir. L'instrument le plus populaire à la fois le plus méconnu, boudé par les radios, devrait pourtant profiter de cette évolution, qui lui rend accessible de plus en plus de musiques. La difficulté technique est moins contraignante du fait de l'accessibilité grandissante des « sons », du confort accrus de l'instrument. Surtout pour les joueurs de diatonique...
Cet instrument certainement le plus modeste au regard de majorité de la population, peut cependant nous emmener très loin tant il sait être impressionnant, bien joué, et tant son univers est vaste, au-delà de la musique !...
L'harmoniciste n'est pas forcément considéré comme musicien par les puristes de la musique. Mais c'est certainement quelqu'un qui aime la musique, puisse qu'il dit qu'il en joue... Certains le deviennent, l'étaient peut être dans la pratique d'un autre instrument, pour le bagage qui va avec. Tous ne prennent pas le même chemin : Le souffleur occasionnel stagnera plus à un modeste niveau, l'amateur cherchera souvent un groupe pour progresser, le professionnel n'aura pas forcément choisi sa vocation puisqu'on dit que c'est la musique qui choisi ses talents. La plupart des amateurs et des professionnels proposent un jour des cours, voire créent (plus rarement) leur école ; certains deviennent des virtuoses, mais peu sont reconnus hors de leurs frontières.
Mon cas déboussole pas mal de copains harmonicistes et musiciens : ce qui n'est pas sans m'amuser. En à peine 16ans, je dois détenir le record, le tout cumulé: du nombre de stages effectués, de présence dans des festivals, l'événementiel « harmonical »... mais j'en joue peu : ce qui n'ait pas sans interroger ceux qui cherchent à devenir des virtuoses. J'espère que ce qu'ils pourraient prendre comme un joyeux gâchis, ne les torture pas plus que cela...
Ceux qui me présenteront comme un entremetteur, prenant plaisir à relier des harmonicistes et amateurs potentiels entre eux ne se trompent pas. En réalité ce qui m'a amené à pratiquer l'harmonica, c'est un aspect de la musique qui me semble fondamental : sa capacité à créer et encourager les liens sociaux. A cette époque, je sortais de l'école pour une première expérience en expatriation. Passer d'un environnement entouré de copains, à un autre dans un pays où vous ne connaissez absolument personne : Le besoin de combler un vide social brutal... vous connaissez ?
J'adore la musique acoustique, mais jouer d'un instrument déjà très répandu, comme la guitare, ne m'emballait pas plus que cela. L'harmonica en revanche, m'avait marqué à mainte reprises dans les fond sonore de films et en accompagnement surtout chez Michel Fugain que j'entendais plus souvent chez mes parents. Mon réflexe fut donc de demander conseils à l'académie de musique de Grétry à Liège (où je vivais). C'est l'équivalent des conservatoires de musique en France. J'ai vite réalisé le dénigrement d'un instrument qui ne méritait certainement pas cela, du fait des émotions qu'il faisait passer ! Ca m'a très vite « titillé » !... En effet la réaction du premier académiste que je venais visiblement de blesser dans sa fierté, fut un regard méprisant genre « On fait de la musique sérieuse ici Monsieur » !!! Comme si la musique était réservée à une classe qui détiendrait toute la vérité sur ses bienfaits, ses règles et ses méthodes... Je m'en indignais silencieusement...Révolution !!! Le second, a su modérer mon urticaire naissante en ressortant de sous une pile de 15cm de paperasses, la carte de visite d'un retraité qui avait une école d'harmonica, à peine à 3km : Emile Grégoire... Un signe du destin peut être : au bout de trois ou quatre cours, Emile nous annonçait le retour de son ancien prof d'harmonica au sein de son association (l'ASBL Croch): Thierry Crommen, celui là même dont le jeu m'émerveillait depuis des années sur les morceaux de Michel Fugain !
C'est à peine six mois plus tard que je découvrais Internet ! J'y cherchais des informations sur l'harmonica dés mes premières connections... de plus en plus convaincu que cet instrument méritait plus de reconnaissance... Je n'y trouvais en tout et pour tout que deux sites en 1997 : Celui de Jean-Jacques Milteau dont il ne reste que quelques pages (car piraté quelques années plus tard). On y trouve encore mon premier message d'encouragement et de remerciements. Il y avait ensuite celui de Laurent Cagnon tout juste naissant, il me semble... Mais « Planet Harmonica », qui est aujourd'hui sans doute encore le site français le plus référencé à l'étranger, n'est apparu que vers 2000. J'en parlais à Emile dont la réaction fut de m'indiquer le café concert Utopia où Jean-Jacques Milteau se trouvait souvent : « La prochaine fois que tu rentres à Paris, vas y et si tu vois Jean-Jacques passe lui le bonjour de ma part ! ». J'y allais deux semaines après, et en entrant dans le bar j'y trouvais juste deux personnes en grande conversation au bar : La barman, et un gars d'à peine 50ans...Mais oui ! Jean-Jacques Milteau en personne !... Je lançais un timide bonjour, accueilli par deux visages rayonnants répondant beaucoup moins timidement...Je sentais le rouge m'envahir et fonçais me planquer à l'opposé de la pièce de peur de gêner, sans même passer le bonjour de Emile... Je revois encore ce dernier me dire : « Quel couillon !» ou quelque chose équivalent, à mon retour en Belgique.
Néanmoins cette rencontre m'a fait réaliser que Emile en connaissait un rayon sur le sujet ! Faute de trouver suffisamment d'informations sur Internet, je le questionnais plus encore afin de rencontrer d'autres Harmonicistes... Il m'appris alors l'existence du stage de Monteton initié par Jean-Jacques Milteau, dont il ne manquait aucune édition, puis du stage de musique acoustique de Virton. Grâce à Emile je n'avais qu'à tirer le «fil d'ariane» pour très vite trouver le reste : A Monteton je me faisais plein de copains, des liens forts que j'ai toujours, qui m'indiquaient aussi les festivals comme « Harmonica sur Cher » et « les harmonicales » de Condat sur Vienne. Milteau lui-même rendait visite à St Aignan, au même titre que tout fan d'harmonicas, en membre de la communauté. De fil en aiguille, la multiplication de mes rencontres, favorisée par ma grande liberté et aussi mon status d'ingénieur (moins fauché) m'ont vite permis d'en connaître bien plus que la moyenne des harmonicistes sur ce petit monde qui m'était de plus en plus familier. Les connaissances amènent naturellement les connaissances, mais aussi de nombreuses confidences ici où là sur le passé, le présent et le futur...les initiatives naissantes. Cela éclairait aussi les manques dont Internet faisait encore partie en 1997 du fait du trop peu d'informations sur l'événementiel...
C'est finalement ce même média qui a profondément relancé les échanges autour de l'harmonica, à l'échelle planétaire ; avec tout de même de bon déclencheurs tels que Jean-Jacques Milteau, la « mailing liste » HARP-L (20ans dans les mois à venir)... Les quelques sites existants proposaient tous plus ou moins les même liens mais souvent d'une manière désordonnée et pas très neutres de mon point de vue. Préférant la critique constructive, j'ai voulu apporter ma petite pierre, en faisant bénéficier les autres, peut être moins chanceux que moi, de ce que je connaissais : Un accès centralisé, ordonné, à toute cette richesse, sociale, émotionnelle, culturelle par des liens...
D'un point de vue philosophie de vie, penser aux autres, c'est une des nombreuses sources de bonheur personnel !... Alors le jour où j'ai appris qu'on me suspectais d'en faire de l'argent, avec des critiques dans mon dos, ça m'a déçu. Quel plaisir que d'arriver à favoriser la rencontre entre des harmonicistes, de faire gagner des années à des débutants pour ne plus entendre : « si j'avais su plus tôt, je n'aurais pas raté tout ça ; quel gâchis »... L'un de mes buts est d'arriver à convaincre les visiteurs de mes blogs, stopper un moment leur « zapping ». Les photos ont plus à dire que les mots, moins accrocheurs. Alors j'ai choisi de faire défiler des photos suggérant le côté attachant de ce monde pittoresque. La profusion de liens choisis, pour leur sérieux, peut rappeler le martèlement médiatique utilisé par la télé pour faire la promotion d'artistes, insister sur la richesse de ce monde. Les liens sont classés dans des domaines plus ou moins inattendus tels que l'harmonica dans la société, la section des reportages. La moindre note commerciale serait nuisible ; j'ai donc banni les industries de l'harmonica... Tout cela n'est pas exhaustif ; j'oublie forcément des artistes, et je l'explique : « Mes deux blogs ne sont pas des références », leur but est de donner envie de chercher plus loin, découvrir plus encore. Le blog International m'a été réclamé par des amateurs d'Amérique du sud, ne comprenant pas pourquoi je ne montrais que la francophonie...Simplement je savais que les francophones zappaient les langues étrangères, alors je pensais mes efforts vains de ce côté. C'était une erreur vite corrigée...
L'harmonica est au centre de quelque chose de plus fort, je trouve, que pour de nombreux instruments... Je n'abandonne jamais une idée, quelque soit le temps qu'elle prenne, si je suis convaincu par sa validité. Il faut parfois deux ou trois ans pour que les gens y croient... Ceci pourrait passer pour une passion un peu extrême, suspecte ou malsaine, dans un monde qui ne prend plus vraiment le temps de rien, ou le bénévolat est gravement malade. Mais pourtant plus que l'harmonica, c'est la musique acoustique qui m'attire. L'harmo c'est anecdotique, et d'ailleurs c'est un excellent fil rouge pour accéder à des milieux peuplés de « fans » d'autres instruments, aussi pour son côté rare (impossible de développer ici)... Le jours où je serai satisfait je me calmerai. Mais aujourd'hui, le vide paraît encore trop grand : Je vois d'un très bon oil le blog « Who's Who » de l'harmonica du Royaume unis « World of harmonicas » dont la démarche ressemble en de nombreux points à la mienne. Je regrette en revanche le manque d'initiatives côté français, depuis 4 ou 5 ans si ce n'est peut être le blog de Robert Koch digne d'un travail de vrai journaliste...
Il manque peu de choses pour me sentir satisfait, peut être juste UNE chose, que je vous laisse deviner... Un moyen fédérateur qui soit évident pour tous les harmonicistes, qui rassemble naturellement les intervenants grâce à qui l'événementiel « harmonical » français fait pâlir d'envie la plupart de nos voisins... Si vous avez un indice, une idée, ça tombe bien. Alain Chaulet l'approuve. Toujours est il, pour fonctionner il faut avoir l'unanimité, regarder dans la même direction... Une direction plutôt horizontale, plus que celle qui va de la tête au nombril quand on se tient debout... Ce qui rassemble, c'est ce qui ne fâche pas... C'est aussi ce qui fait envie, qui nourri l'intérêt commun. Il faut aussi que tous y croient, et persévèrent dans ce sens, que le plus de monde y participe aussi fiablement que possible. Comme nos aà¯eux qui eux connaissaient la patience, quand les jeunes générations veulent tout et tout de suite, gratuitement en plus sans faire d'effort (comptant sur les autres). Savoir être patient pour juger sagement du résultat. Qu'est ce qu'on peu bien vouloir pour notre petit monde ?...
Les anciens passent ils suffisamment l'information sur la culture du passé, qu'ils ont vécu ? Une pierre très facile à apporter... Témoigner de l'histoire aux plus jeunes c'est les armer pour éviter de reproduire des erreurs du passé, et reproduire des succès en les adaptant au monde actuel...
Je vous ai présenté une vision. Est elle si éloignée de la vôtre ? Que chacun soit fier d'apporter sa petite pierre, mais pour construire quoi ? Que veulent les harmonicistes ? D'ailleurs veulent il quelque chose ?... Pourquoi Albert Raisner, a-t-il fait tout ce qu'il a fait ?... Pourquoi l'a-t-on suivi ? Pourquoi Jean Labre a créé « Harmonica de France », et Milteau les « Marine Band clubs »?... Allons, je ne peux croire que tant de volontés et de temps passés le furent en vain... Merci encore à tous ceux qui animent ce petit monde pittoresque et à ceux et celles qui ne baisseront jamais les bras...